Gamine

La vie est une chose trop importante pour la confier à des adultes

Vendredi 30 octobre 2009 à 12:22

Le moral remonte.http://th01.deviantart.net/fs32/300W/i/2008/232/8/7/Foggy_green_light___by_closer_to_heaven.jpg
Est actuellement au dessous de la surface, ce qui me suffit amplement : je ne désire pas être en ataraxie totale à jamais, juste souffler de temps en temps, quand le courant se fait moins violent.

A vrai dire, j'ai quand même peur : ce fichu moral n'en fait qu'à sa tête.

Soit il s'illumine, étincelant de projets farfelus, me faisant m'agiter dans tous les sens, incapable de me concentrer sur un même acte en même temps.

Soit il s'éteint, me tire vers le bas, parvient à me convaincre que seule une corde autour de mon cou me serait salutaire, et le sang gicle sur ma culpabilité.

Qu'il reste fixe quelques jours, que je souffle.

****

Sam a un week-end de trois jours : on lui a accordé un jour de congé étant donné qu'il l'est l'ambulancier ayant fait le plus d'heures ce mois-ci, à comprendre environ deux cent.

Hier, comme souvent ces derniers jours, je m'agitais sans réellement faire quoi que ce soit de constructif. 
Les mains qui tremblent, le corps fébrile, mélange de stress et d'envie bien que désagréable.  Mhum. Désagréable est un euphémisme. Tout ce que je dois faire s'entremêle dans ma tête, je tente de me dépêcher de tout faire, mais c'est impossible. Je me stresse toute seule en voyant les heures défiler. Alors je m'énerve, et ce toute seule, sans l'aide de personne. Et au final,,à force de vouloir faire trop de choses, je n'arrive à rien faire. Il faudrait... de l'organisation. Mais l'organisation est trop réglée pour me motiver.

Il y a aussi quelque chose d'inhabituel.
J'ai toujours eu des causes qui me tenaient à coeur, d'autres qui me révoltaient, mais... en ce moment, si l'on touche du doigt un sujet quelconque sur lequel j'ai un avis catégorique, je m'énerve, me transforme en furie. Etant retombée sur un reportage sur la fourrure, sur une chaîne dont j'ai oublié le nom j'ai senti le poison bouillir dans mes veines. Qu'est-ce que je peux faire, moi, petite humaine, pour que l'on cesse ces atrocités ? Je me suis énervée, avec l'envie de fracasser les vitrines de magasins ayant de la fourrure, j'imaginais avec quelle délectation j'arracherais la peau d'une blonde idiote afin qu'elle ressente le passé de son manteau. Il y a l'histoire des abattoirs Charal aussi. Je me sentais si impuissante derrière mon écran, fusant toute seule. Dans ces moments là, je prie Sam d'essayer de ma laver le cerveau en parlant d'autre chose, sinon je deviens folle.

Bref.http://gamine.cowblog.fr/images/IMG6309copie.jpg

J'ai demandé à mes parents de m'avancer l'argent que j'aurais eu à Noël pour... pouvoir faire des cadeaux. Ma mère m'a fait un virement. Mais je jure de leur rembourser tout cela quand je bosserai. Même s'il faudrait que je rembourse à vie, surtout pour les écoles d'art privées.

Pour mon frère, une plaque en ardoise avec Michael Jackson dessus, ainsi qu'une fausse dédicace, le tout sur un socle, afin qu'il fasse son deuil. J'aurais aimé lui offrir un beau livre sur le roi de la pop, mais étant dyslexique, il a beaucoup de mal à lire, et rester concentrer. Les livres avec beaucoup d'images étant hors de prix, j'ai pensé aux tee-shirt, mais il n'y avait pas sa taille.
Sam aura des armes de collection. Deux petites haches très esthétiques sur un socle en forme d'écusson en bois, que l'on peut accrocher au mur.
J'ai acheté tout ça au petit magasin empli de bric à brac tenu par un homme asiatique gentil comme tout. Avant que je ne parte, il m'a offert un tube d'encens à la rose puis m'a sourit : "La prochaine fois, vous aurez 10% de réduction mademoiselle !"
Je commence à être une habituée de la boutique, faut dire...

Pour mes amies, je ne sais pas encore.
Enfin, pour Flora, Typhanie, et Elodie que j'ai connues au collège, je vais trafiquer un petit truc maison. Montages photos, conte de fée où elles seront l'héroïne, chacune aura le sien.
Pour mes amies plus "proches", dans le sens que nous nous comprenons mieux sans forcément nous voir souvent, c'est encore en analyse.

Bref.

Sam est rentré en début d'après-midi.
Il me proposait une sortie.
J'hésitais : comment allais-je m'en sortir avec tout ce que je dois faire ?
Mais j'ai accepté : il fallait évacuer ce stress, cet état pas possible.

Il m'a acheté un Boken, dernièrement.
Un sabre en bois pour l'entrainement.
Il a quinze ans d'arts martiaux derrière lui, jusqu'à ce que son genou l'empêche de continuer de pratiquer, et les rares gestuelles qu'il fait m'impressionnent. IL m'a apprit quelques petits trucs pour me défendre qui marchent très bien.

Ainsi sommes-nous partis dans les bois aux couleurs d'or et de cuivre avec nos sabres en bois pour mon apprentissage.
Nous avons dû rester une heure dans les bois.
J'essayais d'être la plus pointilleuse possible.
Pas évident, je ne pensais pas qu'il y avait tant de détails à assimiler pour pratiquer un tel art...
Je ne sais pas si un jour, j'aurais la force et la connaissance pour combattre Sam, mais je m'acharnerai.

Au final, nous avons loué Misery, adapté de Stephens King, pour passer la soirée.
Sam ne l'avait jamais vu, et à mes yeux, l'ouvrage est bien adapté. Pas comme tous les films adaptés de Carrie que l'on trouve et qui brisent l'oeuvre du King.

Bref.
A part ça, mes cheveux sont désormais d'un joli prune foncé.
Mon ancien psy souriait en me voyant débarquer à ses rendez-vous sans jamais avoir la même couleur de cheveux.

"Vous ne vous êtes toujours pas trouvée".

Je souriais sournoisement en retour.





Mercredi 28 octobre 2009 à 13:50

Je continuerai ton exercice, Ludi. Quand j'aurai l'âme un peu moins noire.
Ou je vais essayer, après avoir fait coulé un peu d'encre délétère ici.



Je suis levée depuis... 08H00.http://gamine.cowblog.fr/images/pinkidbymercier.jpg
Et je tremble toujours autant.
Mon corps se refuse de comprendre qu'il n'y a aucun danger contre lequel se protéger, envisager une hypothétique fuite
Il est aux aguets, le coeur battant comme une bombe à retardement.

Pas fait grand chose ce matin.
Ménage.
Puis j'ai tenté de continuer ton dessin, Ludi. Je ne parvenais pas à faire les contours de mon esquisse au crayon de papier au stylo noir sans trembler. Insatisfaite du dessin, aussi. Mais je me suis jurée que de tout ce que je ferai, j'irai jusqu'au bout. Parfois, mes esquisses me déplaisent, je n'ai qu'une envie : les déchirer, les immoler. Mais je me force à finir. Parfois, bonne surprise, les couleurs ont fait leur illusion.

Il faut que je bosse un minimum mes cours.
L'écriture part dans tous les sens en une carte abstraite, noircie d'indications illisibles. Je tente de convaincre mon être qu'aucun danger ne me guette, mais ce n'est guère efficace. L'impression d'être un petit lapin, caché dans un fourré, et qui sait pertinemment que les chasseurs l'ont encerclé.

Notre vie, avec Sam, semble s'enfoncer dans la normalité.
Lorsque nous allons manger à la friterie de son ami, ils ne parlent que d'argent, de fin de mois, d'heures pleines, de soirées creuses. Ils s'épuisent à analyser scrupuleusement le moment où certains ont reçu leurs indemnités, quand ils arrivent et dévalisent leurs cornets de frites. Nous parlent de leurs recettes, encore, et encore. Dans ces cas-là, j'imagine être dans une forêt, d'où je n'entends plus que le son des oiseaux, des arbres qui murmurent. Le terme argent n'y existe pas.

Ils ne pensent plus à rien d'autre. Il est trop tard pour eux : la société les a lobotomisés.

Je ne veux pas devenir obsédée par ma future paye à la fin du mois.
Me torturer à tenter de joindre les deux bouts.
Avoir l'humeur massacrante en fin de mois, devant mon assiette de pâtes froides.

Je veux autre chose.
Autre chose que cette vie là.

Comme j'ai peur, j'évite même de m'interroger sur le sujet.
Mes oreilles se referment dès lors qu'un thème réaliste résonne : Sécu, Impôts, factures, mutuelle, assurance, papiers à remplir, bla, et bla, et bla.
Je sais, mon comportement est parfaitement immature.
J'évite les infos, le soir à la TV, au profit de séries, de dessins-animés.
J'évite, j'évite, pour me recréer un cocon, où les princesses, les animaux enchantés, les licornes et les arbres danseurs ont tous les droit.

J'aimerais kidnapper un grand homme d'affaire avide.
Je lui ferai manger ses billets, les uns après les autres, ou je ferai la méthode Gainsbourg devant lui.

Juste parce que ce monde dégouline de mauvaises intentions, et que l'argent est à la première dans presque place toutes les têtes. Comme si un bout de papier était vital.



 

Mardi 27 octobre 2009 à 19:15

 
"Marion, je veux que tu fasses quelque chose pour moi (un petit exercice^^): je veux que tu décrives, sur ton blog, comme tu sais si bien le faire, une scène de ta vie que tu as trouvé particulièrement belle. ça peut être un souvenir d'une amitié... à la clinique par exemple. Tu as déjà raconté certaines choses positives de ce genre dans les Cris de la Fée. Je suis sûre que tu peux le refaire. Relis-toi, et visualise l'instant. Refais-le autant que tu peux. Mis bout à bout, tu verras que ces instants formnt une grande plage de bonheur dans ta vie. :)"

Ludivine

1)

A l'origine de ce souvenir, tout remonte à juin 2008, alors que révise pour mon bilan de fin d'année. Mon portable sonne. Au bout du fil, c'est Sam, presque affolé.

" Je viens de voir une affiche, y'aurait Mylène Farmer qui ferait un concert bientôt, t'es au courant ?
- Bah non ! Quoi ? Quand ? Mais ça se trouve y'a plus de places ! Et t'es sûr au moins ? Bah oui. Merde !!!
- Calme toi... essaies de chopper des places sur internet, appelle moi s'il y a un problème !"


Je jette mes cours en l'air, ils retombent comme des feuilles mortes dont je n'ai plus que faire : je suis sur un fil, si je tombe du bon côté, je serai bientôt près de ma Muse.
Je prends la première vague turquoise pour arriver sur le site de la FNAC.

Billetterie.
Mylène Farmer.
Lyon.
Halle Tonier Garnier.
13 juin 2009.
21H.

Tout va très vite.
Je tape, sors ma carte bleue... mais rien ne marche, le site est saturé.
Je ressaies, le coeur battant à la chamade, folle à lier.http://www.railaway.ch/uploads/media/Mylene-Farmer_01.jpg

" Sam ?
- Vu le ton de ta voix, ça semble pas positif !
- Bah non ça marche pas, putain, le temps que je prenne le bus, le métro, y'aura plus de places, mais merde, pourquoi j'ai pas été plus au courant ?!!
- Je vais appeler Lucile (sa coloc), elle y sera plus rapidement que toi, si elle a le temps... "


En attendant d'en savoir plus, je suis incapable de travailler.
De penser à autre chose qu'à cette chance qui m'effleure et que je peine à attraper, à coincer au creux de mon poings. Et si Lucile n'arrive pas à temps ? Oui, mais en même temps, elle est sympa, Lucile, elle y va, c'est entre ses mains que tout se joue, de toute façon, sans elle ça serait déjà réglé, Mylène resterait un rêve.

Lorsque sonne à nouveau mon portable, quelques heures plus tard, je crains un arrêt cardiaque.

" Marion ?
- Oui... ?
- On a les places !
- Sérieux ??? Sérieux ???
- Sérieux !!!"


Je me laisse retomber sur la couette étoilée. Je vais enfin voir Mylène. La vraie Mylène. Celle qui a bercé mon enfance. Celle que j'appelais Mirlaine, comme la lessive. Sur le moment, je suis prête à croire que "dieu" existe, mais je me ravise : l'enthousiasme n'est pas excuse à tout...

JUIN 2009

Deux semaines de vacances en Savoie.

Ce vendredi 12 juin, nous avons pris la route pour Lyon.
Sam m'ayant offert ma place, j'accepte de ne pas le forcer à installer une tente devant la Halle. Mais.... mais samedi matin, avant l'aube, nous nous devons d'être devant. Cela reste ma seule et unique condition. Je désire être devant pour deux raisons : déjà, voir Mylène, et ensuite, parce qu'être entourée de gens hystériques risque de se finir en crise de panique.
Nous arrivons sur Lyon vers 17H. " Pour le fun", nous passons devant la Halle Tonier Garnier. IL y a foule. Des tentes, aussi, beaucoup de tentes. Des gens partout, le trottoir est une armée, la place une ville improvisée. Le soleil tape. Aussi fort que mon coeur.

Nous passerons la nuit chez les anciennes colocataires de Sam.
Je discute avec Gwen, ma préférée, qui fait de grandes études de psycho et qui m'apprends qu'elle va faire un stage au CNRS. Je la félicite, il y a de quoi. Ce soir, Lucile, l'autre colocataire, fait une petite fête. Nous installons nos sacs de couchage dans une chambre vide. Je ne prends pas même la peine de me déshabiller.Je dois être plus rapide que la lumière au réveil.
Une fois installés sur nos duvets du fait de la chaleur abominable sous les toits lyonnais, nous parlons horaire de réveil.

Je suis pour 04H00. Sam pour 06H00. Ca sera donc la moitié, 05H00.
Je m'endormirai rapidement, comme une masse, ce soir-là.
En essayant d'occulter ceux qui, sous leur tente, sont sûrs d'être les premiers à admirer la belle sous les projecteurs... voire qui sont aussi au concert de ce vendredi soir.

Samedi matin, le réveil sonne, il fait encore nuit.
Je secoue Sam, mets mes lentilles, me maquillage, encore assise sur mon duvet. Sam est aussi rapide que moi. Nous partons comme des voleurs dans la nuit, grimpons jusqu'au parking situé près de mon ancien appartement, puis direction la Halle.
Je me sens d'un calme déconcertant.
Ni excitée, ni fébrile, rien.
Calme.

06H30.
Nous vérifions rapidement : billets, eau, de quoi grignoter, oh, on survivra.http://b5.img.v4.skyrock.net/b54/mylenetour/pics/2383121431_small_1.jpg
Deux files d'attentes sont déjà prêtes.
Chacune est assaillie d'une vingtaine de tentes.
Nous prenons la première, sur la droite.
Un type au sol nous salue.
Rapidement, Sam en profite pour discuter, et moi, j'écoute, un peu angoissée il est vrai.

" C'est la première fois que vous la voyez en concert ? Oh, vous allez en sortir avec des étoiles dans les yeux ! "

La journée sera rude.
Nous n'avons rien prévu pour nous protéger du soleil, de la chaleur.
Les gens commenceront à arriver vers 08H00.
Le sol est jonché des ordures de la veille. Je m'installe et tente de lire un bouquin emporté. En vain, je ne peux pas me concentrer. Le type harcèle Sam, lui raconte sa vie, ses problèmes de justice.
Les heures refusent de s'écouler. Et ce matin, il fait déjà réellement chaud.
Lorsque j'imagine soudain qu'à midi, ce sera bien plus fort, je réalise que nous n'avons nulle crème solaire, ni couverture de survie pour nous faire une tente, comme le font les autres...
Les heures passent.
Appuyée contre la barrière, je somnole.
Le soleil de plomb me donne le vertige, Sam me force à boire, mais moi, j'ai peur d'une implosion de la vessie une fois le soir arrivé : si je quitte ma place, on ne me laissera pas revenir.
Et Dame pipi, c'est moi.

11H00

Il faut que j'aille aux toilettes.
Sam me rassure, car il y a déjà foule.
IL y a des toilettes sur la place en face. " Je te verrai revenir, et crois moi, ils te laisseront passer."
Je me lève, engourdie, et marche piteusement, enjambe les corps étalés au sol, passe par dessus les barrières.
J'ai peur de ne pas trouver les toilettes, finalement je les repères.
Il y a dix centimètres d'eau à l'intérieur, la porte ne ferme pas à clef, qu'importe ! Lorsque je tire la chasse, dans le noir qui plus est, des jets m'aspergent les pieds... l'horreur. Je préfère ne pas penser dans quoi j'ai bien pu marcher.
Je reviens, on me laisse gentiment passer.
" Elle était avant vous, laissez-là".
Je remercie mes protecteurs, des inconnus qui se sont installés sur des chaises pliantes, sous un parasol.

A nouveau assise, je m'endors.
Soudain, Sam me secoue.

" Ils ont fermé les tentes, on avance ! "

Je titube, et à peine ai-je levé les yeux que j'en vois qui escaladent les barrières pour nous doubler. Le type aux chaises pliantes hurle et se précipite vers les mécréants pour leur "casser la gueule". La tension monte, j'ai personnellement envie de me joindre à la bataille, entre la chaleur, la fatigue, si en plus il faut supporter des cons...
Les amis du type aux chaises pliantes parviennent à le calmer. Je regarde Sam.

" Ils nous ont doublé, Sam, on va reprendre notre place !
- Laisse tomber.
- Non ! Ca ne se fait pas ! Certains ont dormi ici, on ne peut pas, comme ça, décider de les doubler !"

Deux filles qui attendaient avec nous traversent les doubleurs. Je fixe Sam et les suis. Nous retrouvons nos places. Je fixe les doubleurs d'un regard noir. Entre fans, c'est donc ça, oeil pour oeil, dent pour dent ?



Il fait très chaud.
Mes bras sont rouge vif, comme ceux de Sam, ainsi que sa nuque.
Je m'asperge d'eau, épuisée, ne sachant plus même ce que j'attends, là, avachie sur le sol.
J'en veux à Mylène, de se faire attendre, de nous faire subir ça.
Je délire.
Le soleil me donne le vertige.

Jusqu'à 18H30, Sam dormira. Des campeurs nous auront donné une couverture de suvie que nous tenteront péniblement d'accrocher aux barrières. Personnellement, j'écoute autour de moi. L'un, un habitué, donne des conseils.

" La file d'attente c'est rien. Là où tout se joue, c'est le sprint après qu'ils t'aient craqué le billet. Tu peux en doubler pas mal.... !"


Je regarde mes chaussures : des sandales.
Quelle sprinteuse vais-je faire !

Les vigiles nous aspergent d'eau régulièrement, il fait plus de 35°c. Certains sont rouge comme des tomates bien mûres. J'ignore que mes épaules ont la même teinte.
Notre "ami" du départ se réveille. Il nous demande de garder sa place : il va poser ses affaires, car la fouille peut faire perdre du temps. Au final, Sam l'accompagnera, nous ne garderons que le nécessaire : les places, et de l'eau que nous laisserons ici.

18H30.

La sécurité arrive.
D'un coup, tout le monde se lève et hurle.
J'ai une peur mêlée d'une excitation peu descriptible.
Je plie mon billet pour qu'il se déchire plus facilement.

Malheureusement, des deux files d'attente, ils commenceront par l'autre.
Derrière moi, les gens hurlent leur mécontentement.
Je regarde une centaine de personne courir vers l'intérieur, impuissante.
Lorsque vient notre tour, je suis prête à tuer quiconque m'empêcherait d'atteindre la barrière.

Premier sprint, premier arrêt.
Deuxième sprint, arrachage de tiquets.
Puis fouille.
La femme qui me fouille a rapidement fait le compte, mais Sam a plein de poches.http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/84/Hall3.jpg/400px-Hall3.jpg
Tant pis, je me dis, et je détale comme un lapin égoïste.
C'est la folie, les gens courent dans tous les sens, je me sens LIBRE, rien ne peut m'arrêter, je cours, je cours, je cours vers mon rêve.
Soudain, me sortant de mon songe hystérique, un bras me saisit : c'est Sam.
Il me traîne sur la dernière ligne droite vers la fosse dont on aperçoit la fameuse barrière.
Le milieu étant rempli, nous seront sur la gauche.
Je suis déçue.
J'ose être déçue.
Mais heureuse.
Tellement heureuse de cette course folle !
Je saisis la barrière de mes mains moites.

Deux heures d'attente dans la salle.
On nous passe de la techno immonde.

Beaucoup s'asseyent par terre, je m'y refuse. Et oui, si on me piquait ma fameuse barrière ?

Lorsqu'enfin, peu avant 21H, les lumières s'éteignent, je m'envole dans un autre monde....
Le suspens, la fatigue de la journée, l'envie de voir enfin Mylène, l'attente... même si je ne bouge pas, entourée des bras de Sam.
Lorsqu'enfin la scène s'éclaire, après le visionnage oculaire comme je le nomme, Mylène, dans un costume d'écorchée, descends vers nous. Je la fixe, troublée. Des larmes au coin des yeux, je ne peux fixer autre chose que sa silhouette. Qu'importe si je reste droite comme un lampadaire, incapable de bouger, lever les bras, chanter. Qu'importe.... elle est là.

Lorsqu'elle arrive devant nous, j'ai peur, je me sens misérable, et pourtant si admirative. Mylène. Ma Mylène. Elle m'a regardée, rapidement, oui, furtivement, mais elle m'a regardée... moi, l'insignifiante... je vole sur un nuage d'étoiles, enfin... 










Je sais, facile tu me diras Ludi, mais je n'ai pas fini, suite à venir.
Merci pour cette demande d'exercice :)
Bisous !

Mardi 27 octobre 2009 à 8:43

* Cherche quoi écrire *http://th09.deviantart.net/fs51/300W/f/2009/293/d/e/Make_a_wish_by_DoraLovey.jpg

Je reviens de chez Monsieur le Médecin.

Quel est le mot... ?

Je me sens comme un immeuble que l'on vient de faire sauter, exploser.
Comme un tapis sur lequel les gens marchent, marchent encore, essuient leurs chaussures sales. Comme une enclume qui tente de marcher.
Comme un hamster amputé dont il ne reste que le tronc, mais qui survit, le regard éteint.
Quelque chose comme ça.

Dans la salle d'attente, j'ai continué de lire le dernier livre sorti sur Mylène.
C'est con, mais heureusement qu'elle est là, Mylène.

Puis j'ai couru, parce qu'il a une clientèle folle, ce médecin. Assise, face à lui j'ai sorti ma carte vitale façon Lucky Luke, comme si chaque patient avait un temps prédéfinit, et pas plus.
Je lui ai parlé du fait qu'en ce moment, je tousse à en vomir. Je me demande comment fait Sam pour dormir, je ne peux pas m'empêcher de tousser. Ca dure des heures, des heures durant lesquelles j'ai envie de me cogner contre un mur, ou un poteau, ce que vous voulez. Et tousser m'épuise.
Force de questionnements, la réponse est simple.
Après les dents, la gorge.

Tout ça parce que tant qu'on me lavera le cerveau à grands coups de squelettes habillés, où que j'ouvre les yeux, j'aurais le plus grand mal de ne pas vomir.

Ou non.
La faute n'est pas forcément aux femmes qui se font enlever des côtes et finissent à la morgue après avoir défilé une dernière fois sous des vêtements trop lourds pour leur corps d'oiseau, non.
...Mais vomir sa vie, des fois, ça fait du bien...

Il me demande d'enlever mon manteau, je le suis en me disant que je suis grillée, grillée, grillée.
Le voyant s'approcher de mon bras gauche, je lui présente le droit, celui qui a le moindre de séquels, parce que j'ai honte. Poster mes horreurs ici, qu'importe, les assumer en vrai, c'est autre chose.

" Vous avez peur que je vous fasse mal ?"
" Non, non. "
" Mhum. Des bêtises ?"
" On va dire ça."


12,5 de tension. Ca m'avance beaucoup, mais bon.

On a ensuite parlé de mon moral.
Je venais de pleurer, avant de partir à son cabinet.
Sam m'a attrapé par le bras, a senti le bandage, m'a demandé des explications. Explications que je lui aies données. Alors il a donné un grand coup dans la porte et j'ai rien trouvé de mieux que de pleurer après avoir couvert mes yeux de noir sous toutes les formes.


"Oh, ben ça va pas, mais bon "
" Vous avez eu votre rendez-vous ?"
" Oui, ce sera le premier décembre "
" Comparé à la dernière fois, comment vous sentez-vous ? "
" Ben... je sais pas. Je dégringole mais lentement. Je ne fais plus grand chose, mais j'essaie de me forcer. Idées noires aussi, mais j'essaie de ne pas y penser."
" Pourquoi pensez-vous que vous allez plus mal ?"
" .... je ne sais pas... de toute façon, je n'ai jamais trouvé grand intérêt à la vie, alors ! "
" Et l'hospitalisation ? "
" NON ! Déjà testé. "
" Réfléchissez-y".


Il m'avertit qu'il va appeler mon hypothétique future psy afin d'avancer le rendez-vous.
Je me sens comme une merde : combien de gens vont bien plus mal que moi, combien de gens que je vais doubler ?

Il me demande de revenir dans une semaine, également.
De même qu'en plus d'un traitement pour la gorge, il augmente la dose de mon antidépresseur.

Je sors du cabinet aussi rapidement que j'en suis entrée : la salle d'attente déborde.

A part ça, rien.
    Il fait gris.
           Il fait froid.
http://th03.deviantart.net/fs51/300W/i/2009/295/e/0/Lost_in_Translation_by_BigboyDenis.jpg

Mon psychiatre lyonnais me manque.
Je pensais à lui ce matin, enfin, vers 04H00, vu que je n'arrivais plus à dormir.
Des restes du transfert ?
Je ne sais pas.
J'aurais aimé qu'il me prenne dans ses bras, pour me dire au revoir, au lieu de me regarder partir, avec son regard de chien battu.

Trouver un psychiatre aussi humain que lui est une mission impossible.
Je me souviens, parfois. 
Un numéro inconnu m'appelait vers 21H, et je ne répondais pas : je ne réponds jamais aux numéros inconnus. Surtout des portables.
Il me laissait un message.
" Bonsoir Marion, j'espère que je ne vous ai pas réveillée. Vous ne sembliez pas très bien au rendez-vous ce matin, je tenais juste à vérifier que je  ne faisais que me tromper. N'hésitez pas, dans le cas contraire. Passez une bonne soirée.".
Et là, comme une amoureuse, je serrais mon portable contre moi, couchée sur mon lit, le regard rêveur.

A la clinique, toutes ses patientes tombaient sous " son charme ".
Au début, je le détestais.
J'avais l'impression qu'il désirait m'apprivoiser, et je m'étais jurée qu'il n'y parviendrait jamais.

Sauf que si.
Il y est parvenu.
Parce qu'il est différent.
Humain, intègre, avant d'être médecin.
Je me souviens, lorsqu'il arrivait chargé de livres d'art qu'il me prêtait.
Ses tentatives pour me faire réagir.


Rapidement, je remarquais que je n'étais pas la seule à vouloir me l'approprier pour moi toute seule.
C'était à celle qui obtiendrait un RDV dans son bureau, celle qui lui parlerait le plus.
Une folie aigre-douce.
J'avais une technique.
Le matin, je refusais de prendre un petit déjeuner.
Je descendais, armée d'un livre, vers les distributeurs, et m'asseyais sur une des grandes chaises de bar pour lire.
A l'heure où il arrivait.
Les premières fois, ça a marché, il m'invitait discuter dans son bureau en me flattant " vous vous levez tôt, et déjà en pleine lecture ?"
Mais au bout de quelques fois, il se contentait d'un bonjour et partait.
Il avait bien compris que je ne voulais qu'une chose.
Etre avec lui.

Quand il partait en vacances aussi, c'était le scandale.
Je me souviens pleurer devant l'infirmerie.
"Il m'abandonne, vous vous rendez pas compte !"
Et quand il revenait, je boudais, comme une gamine.

Entre patientes, on lui avait donné un surnom.
On avait même fait des recherches.
Nous savions qu'il habitait assez loin, qu'il était marié, avec des enfants.
De mon côté, je savais qu'il avait fait ses études de médecine à Lille.

Il me manque tellement.
Tellement.

Tellement...

C'est une Mylène plus accessible.
Mais que je risque ne plus jamais revoir.

Il faut que je lui envoie un dessin.
Une carte de fin d'année.

J'espère que ma peinture orne toujours sa maison.
IL ne savait pas où l'accrocher, chez lui.
Alors il m'avait demandé conseil.

Je ne me souviens plus même des traits de son visage...








Lundi 26 octobre 2009 à 12:52

J'aimerais qu'une de mes journées se matérialise.
Se personnifie.
Je la ferais assoir sur le clic-clac, après lui avoir proposé un café. J'irais chercher le gros et long couteau de cuisine de Sam, et je repeindrais les murs. A supposer qu'une journée matérialisée puisse saigner ? Je ne sais pas. 


http://gamine.cowblog.fr/images/ki.jpgEnvie de foutre le feu à ce studio.
Hurler pour briser le silence.
Y implanter des amis imaginaires afin d'abattre la solitude.

Ca ne va (toujours) pas.

Je crois que je n'ai pas même l'envie que ça aille mieux.

J'essaie d'occulter mes proches, mes amis, Sam, occulter le mal que je risque leur faire. Ne pas penser, ne pas y penser, ne penser qu'à ma petite personne, afin d'éviter que la culpabilité me fasse prendre racine sur terre.
 
Mercredi, je dois revoir le médecin.
Au passage.
 
Autrement.
 
Oui, j'avais bien donné le cutter à Sam, mais pas la lame supplémentaire.
Alors je me suis détendue.
Piteusement, puérilement.
Je l'admets, ma stupidité est aussi grasse que moi, aussi lourde, pesante, inutile que moi.

Enfin bon.
L'obsession de la pendaison est revenue.
Faut que j'achète des sacs poubelles à obsession.
En gros, parce que y'en a pas qu'une, d'obsession.

Si je m'écoutais, je prendrais quatre mépros afin de dormir jusqu'à demain soir, mais Sam risque mal le prendre, et puis, il a pas besoin de ça.

Quant aux mutilations d'aujourd'hui, elles sont cachées sous de multiples pulls et mitaines. Il n'en saura rien.
 
Envie de m'éveiller à Lyon.
Prendre le bus, puis le métro.
Flâner dans le vieux Lyon.
De boutiques ésotériques en boutiques gothiques.
Aller à la Part-Dieu.
Scruter le magasin Disney, et, surtout, la Fnac.
Puis j'irais à Bellecour.
Je remonterais la rue de la république.
J'irais quelques instants à Natures et Découvertes, écouter quelques albums de musique.
Je déjeunerai dans mon resto chinois favori, et le patron, le petit Laossien, m'offrirait l'apéro comme d'habitude.
Je prendrais aussi racine à Haeggen Dazs.
J'irais faire coucou à Gwen, à Alexandra, à Rachel.
Je repasserais devant ma vieille école, je taguerai le mur de l'école des beaux arts.
Le parc de la tête d'or aussi.
Lorgner, peut-être, à Debours, là où s'élève mon immeuble satanique.
Le saluer de loin, ou grimper et essayer de voler.

 
Comme avant.
Proche de tout.
Près de tout.
Ou presque.


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