Gamine

La vie est une chose trop importante pour la confier à des adultes

Mardi 27 octobre 2009 à 19:15

 
"Marion, je veux que tu fasses quelque chose pour moi (un petit exercice^^): je veux que tu décrives, sur ton blog, comme tu sais si bien le faire, une scène de ta vie que tu as trouvé particulièrement belle. ça peut être un souvenir d'une amitié... à la clinique par exemple. Tu as déjà raconté certaines choses positives de ce genre dans les Cris de la Fée. Je suis sûre que tu peux le refaire. Relis-toi, et visualise l'instant. Refais-le autant que tu peux. Mis bout à bout, tu verras que ces instants formnt une grande plage de bonheur dans ta vie. :)"

Ludivine

1)

A l'origine de ce souvenir, tout remonte à juin 2008, alors que révise pour mon bilan de fin d'année. Mon portable sonne. Au bout du fil, c'est Sam, presque affolé.

" Je viens de voir une affiche, y'aurait Mylène Farmer qui ferait un concert bientôt, t'es au courant ?
- Bah non ! Quoi ? Quand ? Mais ça se trouve y'a plus de places ! Et t'es sûr au moins ? Bah oui. Merde !!!
- Calme toi... essaies de chopper des places sur internet, appelle moi s'il y a un problème !"


Je jette mes cours en l'air, ils retombent comme des feuilles mortes dont je n'ai plus que faire : je suis sur un fil, si je tombe du bon côté, je serai bientôt près de ma Muse.
Je prends la première vague turquoise pour arriver sur le site de la FNAC.

Billetterie.
Mylène Farmer.
Lyon.
Halle Tonier Garnier.
13 juin 2009.
21H.

Tout va très vite.
Je tape, sors ma carte bleue... mais rien ne marche, le site est saturé.
Je ressaies, le coeur battant à la chamade, folle à lier.http://www.railaway.ch/uploads/media/Mylene-Farmer_01.jpg

" Sam ?
- Vu le ton de ta voix, ça semble pas positif !
- Bah non ça marche pas, putain, le temps que je prenne le bus, le métro, y'aura plus de places, mais merde, pourquoi j'ai pas été plus au courant ?!!
- Je vais appeler Lucile (sa coloc), elle y sera plus rapidement que toi, si elle a le temps... "


En attendant d'en savoir plus, je suis incapable de travailler.
De penser à autre chose qu'à cette chance qui m'effleure et que je peine à attraper, à coincer au creux de mon poings. Et si Lucile n'arrive pas à temps ? Oui, mais en même temps, elle est sympa, Lucile, elle y va, c'est entre ses mains que tout se joue, de toute façon, sans elle ça serait déjà réglé, Mylène resterait un rêve.

Lorsque sonne à nouveau mon portable, quelques heures plus tard, je crains un arrêt cardiaque.

" Marion ?
- Oui... ?
- On a les places !
- Sérieux ??? Sérieux ???
- Sérieux !!!"


Je me laisse retomber sur la couette étoilée. Je vais enfin voir Mylène. La vraie Mylène. Celle qui a bercé mon enfance. Celle que j'appelais Mirlaine, comme la lessive. Sur le moment, je suis prête à croire que "dieu" existe, mais je me ravise : l'enthousiasme n'est pas excuse à tout...

JUIN 2009

Deux semaines de vacances en Savoie.

Ce vendredi 12 juin, nous avons pris la route pour Lyon.
Sam m'ayant offert ma place, j'accepte de ne pas le forcer à installer une tente devant la Halle. Mais.... mais samedi matin, avant l'aube, nous nous devons d'être devant. Cela reste ma seule et unique condition. Je désire être devant pour deux raisons : déjà, voir Mylène, et ensuite, parce qu'être entourée de gens hystériques risque de se finir en crise de panique.
Nous arrivons sur Lyon vers 17H. " Pour le fun", nous passons devant la Halle Tonier Garnier. IL y a foule. Des tentes, aussi, beaucoup de tentes. Des gens partout, le trottoir est une armée, la place une ville improvisée. Le soleil tape. Aussi fort que mon coeur.

Nous passerons la nuit chez les anciennes colocataires de Sam.
Je discute avec Gwen, ma préférée, qui fait de grandes études de psycho et qui m'apprends qu'elle va faire un stage au CNRS. Je la félicite, il y a de quoi. Ce soir, Lucile, l'autre colocataire, fait une petite fête. Nous installons nos sacs de couchage dans une chambre vide. Je ne prends pas même la peine de me déshabiller.Je dois être plus rapide que la lumière au réveil.
Une fois installés sur nos duvets du fait de la chaleur abominable sous les toits lyonnais, nous parlons horaire de réveil.

Je suis pour 04H00. Sam pour 06H00. Ca sera donc la moitié, 05H00.
Je m'endormirai rapidement, comme une masse, ce soir-là.
En essayant d'occulter ceux qui, sous leur tente, sont sûrs d'être les premiers à admirer la belle sous les projecteurs... voire qui sont aussi au concert de ce vendredi soir.

Samedi matin, le réveil sonne, il fait encore nuit.
Je secoue Sam, mets mes lentilles, me maquillage, encore assise sur mon duvet. Sam est aussi rapide que moi. Nous partons comme des voleurs dans la nuit, grimpons jusqu'au parking situé près de mon ancien appartement, puis direction la Halle.
Je me sens d'un calme déconcertant.
Ni excitée, ni fébrile, rien.
Calme.

06H30.
Nous vérifions rapidement : billets, eau, de quoi grignoter, oh, on survivra.http://b5.img.v4.skyrock.net/b54/mylenetour/pics/2383121431_small_1.jpg
Deux files d'attentes sont déjà prêtes.
Chacune est assaillie d'une vingtaine de tentes.
Nous prenons la première, sur la droite.
Un type au sol nous salue.
Rapidement, Sam en profite pour discuter, et moi, j'écoute, un peu angoissée il est vrai.

" C'est la première fois que vous la voyez en concert ? Oh, vous allez en sortir avec des étoiles dans les yeux ! "

La journée sera rude.
Nous n'avons rien prévu pour nous protéger du soleil, de la chaleur.
Les gens commenceront à arriver vers 08H00.
Le sol est jonché des ordures de la veille. Je m'installe et tente de lire un bouquin emporté. En vain, je ne peux pas me concentrer. Le type harcèle Sam, lui raconte sa vie, ses problèmes de justice.
Les heures refusent de s'écouler. Et ce matin, il fait déjà réellement chaud.
Lorsque j'imagine soudain qu'à midi, ce sera bien plus fort, je réalise que nous n'avons nulle crème solaire, ni couverture de survie pour nous faire une tente, comme le font les autres...
Les heures passent.
Appuyée contre la barrière, je somnole.
Le soleil de plomb me donne le vertige, Sam me force à boire, mais moi, j'ai peur d'une implosion de la vessie une fois le soir arrivé : si je quitte ma place, on ne me laissera pas revenir.
Et Dame pipi, c'est moi.

11H00

Il faut que j'aille aux toilettes.
Sam me rassure, car il y a déjà foule.
IL y a des toilettes sur la place en face. " Je te verrai revenir, et crois moi, ils te laisseront passer."
Je me lève, engourdie, et marche piteusement, enjambe les corps étalés au sol, passe par dessus les barrières.
J'ai peur de ne pas trouver les toilettes, finalement je les repères.
Il y a dix centimètres d'eau à l'intérieur, la porte ne ferme pas à clef, qu'importe ! Lorsque je tire la chasse, dans le noir qui plus est, des jets m'aspergent les pieds... l'horreur. Je préfère ne pas penser dans quoi j'ai bien pu marcher.
Je reviens, on me laisse gentiment passer.
" Elle était avant vous, laissez-là".
Je remercie mes protecteurs, des inconnus qui se sont installés sur des chaises pliantes, sous un parasol.

A nouveau assise, je m'endors.
Soudain, Sam me secoue.

" Ils ont fermé les tentes, on avance ! "

Je titube, et à peine ai-je levé les yeux que j'en vois qui escaladent les barrières pour nous doubler. Le type aux chaises pliantes hurle et se précipite vers les mécréants pour leur "casser la gueule". La tension monte, j'ai personnellement envie de me joindre à la bataille, entre la chaleur, la fatigue, si en plus il faut supporter des cons...
Les amis du type aux chaises pliantes parviennent à le calmer. Je regarde Sam.

" Ils nous ont doublé, Sam, on va reprendre notre place !
- Laisse tomber.
- Non ! Ca ne se fait pas ! Certains ont dormi ici, on ne peut pas, comme ça, décider de les doubler !"

Deux filles qui attendaient avec nous traversent les doubleurs. Je fixe Sam et les suis. Nous retrouvons nos places. Je fixe les doubleurs d'un regard noir. Entre fans, c'est donc ça, oeil pour oeil, dent pour dent ?



Il fait très chaud.
Mes bras sont rouge vif, comme ceux de Sam, ainsi que sa nuque.
Je m'asperge d'eau, épuisée, ne sachant plus même ce que j'attends, là, avachie sur le sol.
J'en veux à Mylène, de se faire attendre, de nous faire subir ça.
Je délire.
Le soleil me donne le vertige.

Jusqu'à 18H30, Sam dormira. Des campeurs nous auront donné une couverture de suvie que nous tenteront péniblement d'accrocher aux barrières. Personnellement, j'écoute autour de moi. L'un, un habitué, donne des conseils.

" La file d'attente c'est rien. Là où tout se joue, c'est le sprint après qu'ils t'aient craqué le billet. Tu peux en doubler pas mal.... !"


Je regarde mes chaussures : des sandales.
Quelle sprinteuse vais-je faire !

Les vigiles nous aspergent d'eau régulièrement, il fait plus de 35°c. Certains sont rouge comme des tomates bien mûres. J'ignore que mes épaules ont la même teinte.
Notre "ami" du départ se réveille. Il nous demande de garder sa place : il va poser ses affaires, car la fouille peut faire perdre du temps. Au final, Sam l'accompagnera, nous ne garderons que le nécessaire : les places, et de l'eau que nous laisserons ici.

18H30.

La sécurité arrive.
D'un coup, tout le monde se lève et hurle.
J'ai une peur mêlée d'une excitation peu descriptible.
Je plie mon billet pour qu'il se déchire plus facilement.

Malheureusement, des deux files d'attente, ils commenceront par l'autre.
Derrière moi, les gens hurlent leur mécontentement.
Je regarde une centaine de personne courir vers l'intérieur, impuissante.
Lorsque vient notre tour, je suis prête à tuer quiconque m'empêcherait d'atteindre la barrière.

Premier sprint, premier arrêt.
Deuxième sprint, arrachage de tiquets.
Puis fouille.
La femme qui me fouille a rapidement fait le compte, mais Sam a plein de poches.http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/84/Hall3.jpg/400px-Hall3.jpg
Tant pis, je me dis, et je détale comme un lapin égoïste.
C'est la folie, les gens courent dans tous les sens, je me sens LIBRE, rien ne peut m'arrêter, je cours, je cours, je cours vers mon rêve.
Soudain, me sortant de mon songe hystérique, un bras me saisit : c'est Sam.
Il me traîne sur la dernière ligne droite vers la fosse dont on aperçoit la fameuse barrière.
Le milieu étant rempli, nous seront sur la gauche.
Je suis déçue.
J'ose être déçue.
Mais heureuse.
Tellement heureuse de cette course folle !
Je saisis la barrière de mes mains moites.

Deux heures d'attente dans la salle.
On nous passe de la techno immonde.

Beaucoup s'asseyent par terre, je m'y refuse. Et oui, si on me piquait ma fameuse barrière ?

Lorsqu'enfin, peu avant 21H, les lumières s'éteignent, je m'envole dans un autre monde....
Le suspens, la fatigue de la journée, l'envie de voir enfin Mylène, l'attente... même si je ne bouge pas, entourée des bras de Sam.
Lorsqu'enfin la scène s'éclaire, après le visionnage oculaire comme je le nomme, Mylène, dans un costume d'écorchée, descends vers nous. Je la fixe, troublée. Des larmes au coin des yeux, je ne peux fixer autre chose que sa silhouette. Qu'importe si je reste droite comme un lampadaire, incapable de bouger, lever les bras, chanter. Qu'importe.... elle est là.

Lorsqu'elle arrive devant nous, j'ai peur, je me sens misérable, et pourtant si admirative. Mylène. Ma Mylène. Elle m'a regardée, rapidement, oui, furtivement, mais elle m'a regardée... moi, l'insignifiante... je vole sur un nuage d'étoiles, enfin... 










Je sais, facile tu me diras Ludi, mais je n'ai pas fini, suite à venir.
Merci pour cette demande d'exercice :)
Bisous !

Par bluelantern le Mercredi 28 octobre 2009 à 18:09
Que d'émotions! :)
 

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