En attendant que 20six règle ses problèmes...http://th02.deviantart.net/fs51/300W/f/2009/338/3/3/last_breath_by_LittleFlair.jpg

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Le moral dégringole, et, c'est bien connu, je n'écris que lorsque tout va mal.

Après demain, à cette heure-ci, je serai dans le TGV, direction dans un premier temps, Lyon Part-Dieu. Trois heures entre Lille et Lyon me semble -t-il. Quelques poussières en plus. Je verrai Alexandra durant une heure, en attendant mon autre train, qui me projettera dans les montagnes. Deux heures et demi de trajet dans un vieux TER empli de skieurs. De touristes. D'étudiants. Probablement. 

Mon frère risque venir me chercher. Ou mon père. Ou les deux.

J'arriverai à 22H à Albertville, il faudra encore une demie-heure de route pour gagner mon petit village qui je l'espère, sera noyé de neige.

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Plus même l'envie de partir. Ni de revenir.

Mon sac est pratiquement terminé.
J'essaie de me persuader que cela me fera du bien.

Le lendemain de mon arrivée tarduve, Lisa arrivera. Elle restera jusqu'au vendredi. 

Puis, le week-end, je verrai Sophie. Je ne sais pas encore s'il me faudra aller à Grenoble ou si je la verrai à Albertville. On verra.

Le 23, soirée avec trois amies du collège, du lycée, de l'internat. J'ose espèrer qu'il y aura de l'alcool - qui est est plus que probable - afin que, comme la dernière fois, je finisse écroulée par terre à rire pour un rien et sans plus parvenir à marcher.

Pour Noël, repas de famille.
Côté maternel, côté paternel.

Je crains surtout le côté maternel. Où je suis considérée comme une tare depuis 23 ans. Mon premier cousin va parler de ses études d'ingénieur dans le domaine scientifique je-sais-pas-quoi à Caen, on va l'admirer lorsqu'il va nous parler en langue inconnue comme l'année dernière. Mon second cousin annoncera enfin de manière légitime qu'il va devenir pompier, puisqu'il est accepté dans je ne sais quel centre parisien. Et c'est fou comme le commun des mortels admire les pompiers. Ma cousine va probablement nous gagner une énième course de ski de fond, ce qui la couvrira d'éloges. C'est pas drôle, elle gagne tout le temps. Le petit dernier n'est pas encore assez grand pour se vanter, vu qu'il n'a pas encore dix ans. Puis on passera à mon frère et moi. Mon frère qui ne sera pas là puisqu'il bossera, fera de quoi manger aux touristes du centre du village. Et là, ma grand-mère va bugger, comme elle a buggé cet été lorsque j'ai piteusement annoncé qu'après cinq années d'études d'art, j'avais viré du côté de la vente en animalerie. Je me souviens de son " et la prochaine fois, ce sera quoi ?" assez condescendant. Cette année, je ne vais pas jouer la martyre et pleurer en rentrant parce que je suis depuis la maternelle celle qui rate tout. J'enfoncerai le clou. " Après ? Oh, je pensais bien à me prostituer, mais j'hésite : vendre de la drogue ça rapporte pas mal non plus ".
Pourquoi ma grand-mère maternelle n'a jamais apprécié le moindre de mes choix ? J'ai refusé de continuer d'aller au cathéchisme après ma communion solennelle, tandis que toute ma horde de cousins sont allés jusqu'au bout. Elle ne sait pas que je compte me dé-baptiser, sinon je vais me faire renier. Mes cousins étaient champions de skis, moi j'y étais allergique : quand on a une mère monitrice de ski qui nous pose sur ces longs trucs sordides alors qu'on sait à peine marcher avec le rêve de nous envoyer aux jeux olympiques, ça motive peu. J'ai développé une allergie au ski assez prononcée, ce qui est dommage quand on habite à deux pas des pistes et qu'on peut bénéficier de nombreuses réductions. Et encore une fois, au lieu d'apprendre mes tables de multiplication, je dessinais, ce fut le comble. " Tu crois que tu vas en vivre, de tes gribouillis ? "
Sage, Marion, tu iras, tu souriras, tu mangeras, et t'attendras l'année prochaine. A supposé que tu aies une année prochaine.

Côté paternel, ça ira. C'est plus festif, moins religieux, les blagues fusent.
Au pire, ma tante va me culpabiliser, mais après tout, elle s'est tellement occupée de moi entre deux cliniques, lorsque les relations avec ma mère étaient sanguinaires, que je peux bien baisser les yeux et dire oui. Je me demande bien ce que dois penser mon grand-père de moi, là-haut. Il me manque. C'était le seul avec qui je me sentais bien, qui était fier de mes dessins, de mes romans. On s'amusait comme des fous. Mais il est parti. Et heureusement, s'il avait vu à quel point sa petite fille adorable est devenue sinistre.

Quant au jour de l'an, mes amies de l'internat me parlaient de "se faire une soirée", mais elles ne peuvent survivre sans aller en boite, et voir des mecs se déshabiller et il est hors de questions qu'elles montent encore un scénario pathétique pour me traîner dans un bâtiment où résonne de la musique pourrie, où pétasses et crâneurs se déhanchent. Le seul point positif que je pourrai y voir serait que je pourrais peut-être y trouver de la poudre illicite histoire de caresser une autodestruction presque naturelle. J'irai pas. La dernière fois, au moment où j'ai compris le piège, j'ai soudainement développé une gastro. Et visiblement, ça a marché. J'ai juste eu de la chance : quelqu'un avait vomi sur la glace, je n'ai eu qu'à me mettre à genoux, grimacer, et lors de leur arrivée, gémir que la pina colada n'était pas passée.

Je risque rentrer dans la région pluvieuse et grise qu'est le Nord début janvier, avant le 13, vu que j'ai rendez-vous avec madame la psy. Pas envie de la voir non plus. Pas envie de revenir, surtout. Mon Monsieur n'a pas eu ses congés, son enculé de patron alcoolique aime prouver que c'est lui qui commande.

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Ca ne va pas, oh, quel changement.

Angoisse et désespoir, une alliance qui me donne la chiasse, je me vide depuis ce matin. Oui, je sais, c'est d'un romantisme exacerbé. Mais c'est ainsi.

Alors je m'occupe et me rassure en finiolant mon hypothétique future pendaison.Une étagère est près de la porte. Et j'imagine qu'une pendaison n'est pas agréable. Et il est hors de question que quelque souffrance ou instinct de survie me fasse me rattraper à cette étagère, que je me soutienne vainement jusqu'au retour de mon Monsieur, et qu'on m'envoie dans un asile. Je vois mal comment m'attacher les mains. Mais je vais bien trouver. Ca m'occupe, à défaut.

Y'a la bouteille de Pina Colada, aussi.
Même si le fait d'être malade me fait dormir, quelques grammes d'alcool en plus... après tout.
Mais non, je ne me ferai pas de mal. L'envie brûlante de me brûler, mais je me retiens, pour une raison inconnue. Pour n'inquièter personne dans ma famille, je pense. Tous sont tellement persuadés que je vais mieux, je ne veux pas recommencer à devenir un poison.

Depuis ce matin, je me remonte le moral en lisant nombre d'ouvrages sur le suicide, l'anorexie, la dépression. 
J'écrirai probablement un testament qui ne servira à rien, mais qui aura au moins le mérite de me rassurer.
Pas un testament, plutôt une lettre d'excuse, vu que rien de ce que je possède ne m'appartient.

J'ose aussi éspèrer qu'en rentrant de Savoie, j'aurai toujours envie de me pendre : qu'on en finisse.
La route menant au barrage est bloquée par la neige de novembre à avril, donc bon, à moins de faire une randonnée de cinq heures en raquettes... pas motivée.

Nianianiania..