Gamine

La vie est une chose trop importante pour la confier à des adultes

Mardi 27 octobre 2009 à 8:43

* Cherche quoi écrire *http://th09.deviantart.net/fs51/300W/f/2009/293/d/e/Make_a_wish_by_DoraLovey.jpg

Je reviens de chez Monsieur le Médecin.

Quel est le mot... ?

Je me sens comme un immeuble que l'on vient de faire sauter, exploser.
Comme un tapis sur lequel les gens marchent, marchent encore, essuient leurs chaussures sales. Comme une enclume qui tente de marcher.
Comme un hamster amputé dont il ne reste que le tronc, mais qui survit, le regard éteint.
Quelque chose comme ça.

Dans la salle d'attente, j'ai continué de lire le dernier livre sorti sur Mylène.
C'est con, mais heureusement qu'elle est là, Mylène.

Puis j'ai couru, parce qu'il a une clientèle folle, ce médecin. Assise, face à lui j'ai sorti ma carte vitale façon Lucky Luke, comme si chaque patient avait un temps prédéfinit, et pas plus.
Je lui ai parlé du fait qu'en ce moment, je tousse à en vomir. Je me demande comment fait Sam pour dormir, je ne peux pas m'empêcher de tousser. Ca dure des heures, des heures durant lesquelles j'ai envie de me cogner contre un mur, ou un poteau, ce que vous voulez. Et tousser m'épuise.
Force de questionnements, la réponse est simple.
Après les dents, la gorge.

Tout ça parce que tant qu'on me lavera le cerveau à grands coups de squelettes habillés, où que j'ouvre les yeux, j'aurais le plus grand mal de ne pas vomir.

Ou non.
La faute n'est pas forcément aux femmes qui se font enlever des côtes et finissent à la morgue après avoir défilé une dernière fois sous des vêtements trop lourds pour leur corps d'oiseau, non.
...Mais vomir sa vie, des fois, ça fait du bien...

Il me demande d'enlever mon manteau, je le suis en me disant que je suis grillée, grillée, grillée.
Le voyant s'approcher de mon bras gauche, je lui présente le droit, celui qui a le moindre de séquels, parce que j'ai honte. Poster mes horreurs ici, qu'importe, les assumer en vrai, c'est autre chose.

" Vous avez peur que je vous fasse mal ?"
" Non, non. "
" Mhum. Des bêtises ?"
" On va dire ça."


12,5 de tension. Ca m'avance beaucoup, mais bon.

On a ensuite parlé de mon moral.
Je venais de pleurer, avant de partir à son cabinet.
Sam m'a attrapé par le bras, a senti le bandage, m'a demandé des explications. Explications que je lui aies données. Alors il a donné un grand coup dans la porte et j'ai rien trouvé de mieux que de pleurer après avoir couvert mes yeux de noir sous toutes les formes.


"Oh, ben ça va pas, mais bon "
" Vous avez eu votre rendez-vous ?"
" Oui, ce sera le premier décembre "
" Comparé à la dernière fois, comment vous sentez-vous ? "
" Ben... je sais pas. Je dégringole mais lentement. Je ne fais plus grand chose, mais j'essaie de me forcer. Idées noires aussi, mais j'essaie de ne pas y penser."
" Pourquoi pensez-vous que vous allez plus mal ?"
" .... je ne sais pas... de toute façon, je n'ai jamais trouvé grand intérêt à la vie, alors ! "
" Et l'hospitalisation ? "
" NON ! Déjà testé. "
" Réfléchissez-y".


Il m'avertit qu'il va appeler mon hypothétique future psy afin d'avancer le rendez-vous.
Je me sens comme une merde : combien de gens vont bien plus mal que moi, combien de gens que je vais doubler ?

Il me demande de revenir dans une semaine, également.
De même qu'en plus d'un traitement pour la gorge, il augmente la dose de mon antidépresseur.

Je sors du cabinet aussi rapidement que j'en suis entrée : la salle d'attente déborde.

A part ça, rien.
    Il fait gris.
           Il fait froid.
http://th03.deviantart.net/fs51/300W/i/2009/295/e/0/Lost_in_Translation_by_BigboyDenis.jpg

Mon psychiatre lyonnais me manque.
Je pensais à lui ce matin, enfin, vers 04H00, vu que je n'arrivais plus à dormir.
Des restes du transfert ?
Je ne sais pas.
J'aurais aimé qu'il me prenne dans ses bras, pour me dire au revoir, au lieu de me regarder partir, avec son regard de chien battu.

Trouver un psychiatre aussi humain que lui est une mission impossible.
Je me souviens, parfois. 
Un numéro inconnu m'appelait vers 21H, et je ne répondais pas : je ne réponds jamais aux numéros inconnus. Surtout des portables.
Il me laissait un message.
" Bonsoir Marion, j'espère que je ne vous ai pas réveillée. Vous ne sembliez pas très bien au rendez-vous ce matin, je tenais juste à vérifier que je  ne faisais que me tromper. N'hésitez pas, dans le cas contraire. Passez une bonne soirée.".
Et là, comme une amoureuse, je serrais mon portable contre moi, couchée sur mon lit, le regard rêveur.

A la clinique, toutes ses patientes tombaient sous " son charme ".
Au début, je le détestais.
J'avais l'impression qu'il désirait m'apprivoiser, et je m'étais jurée qu'il n'y parviendrait jamais.

Sauf que si.
Il y est parvenu.
Parce qu'il est différent.
Humain, intègre, avant d'être médecin.
Je me souviens, lorsqu'il arrivait chargé de livres d'art qu'il me prêtait.
Ses tentatives pour me faire réagir.


Rapidement, je remarquais que je n'étais pas la seule à vouloir me l'approprier pour moi toute seule.
C'était à celle qui obtiendrait un RDV dans son bureau, celle qui lui parlerait le plus.
Une folie aigre-douce.
J'avais une technique.
Le matin, je refusais de prendre un petit déjeuner.
Je descendais, armée d'un livre, vers les distributeurs, et m'asseyais sur une des grandes chaises de bar pour lire.
A l'heure où il arrivait.
Les premières fois, ça a marché, il m'invitait discuter dans son bureau en me flattant " vous vous levez tôt, et déjà en pleine lecture ?"
Mais au bout de quelques fois, il se contentait d'un bonjour et partait.
Il avait bien compris que je ne voulais qu'une chose.
Etre avec lui.

Quand il partait en vacances aussi, c'était le scandale.
Je me souviens pleurer devant l'infirmerie.
"Il m'abandonne, vous vous rendez pas compte !"
Et quand il revenait, je boudais, comme une gamine.

Entre patientes, on lui avait donné un surnom.
On avait même fait des recherches.
Nous savions qu'il habitait assez loin, qu'il était marié, avec des enfants.
De mon côté, je savais qu'il avait fait ses études de médecine à Lille.

Il me manque tellement.
Tellement.

Tellement...

C'est une Mylène plus accessible.
Mais que je risque ne plus jamais revoir.

Il faut que je lui envoie un dessin.
Une carte de fin d'année.

J'espère que ma peinture orne toujours sa maison.
IL ne savait pas où l'accrocher, chez lui.
Alors il m'avait demandé conseil.

Je ne me souviens plus même des traits de son visage...








Par bluelantern le Mardi 27 octobre 2009 à 10:41
Je ne sais pas quoi dire. D'une certaine façon j'ai envie de te demander: Mais pourquoi tu vomis? Pourquoi tu te coupes? en ignare que je suis, qui ne comprend rien à la boulimie ni à l'automutilation. Ce que je sais c'est que tu as des raisons de t'en sortir: ta famille, tes amis, Sam (à moins que ça ne soit plus ça entre vous, c'est ce que je ressens dans beaucoup de tes posts). Comment te dire? Moi ce que je vois aujourd'hui, c'est que ma mère n'a plus l'air tendue, angoissée. Elle me sourit, elle est heureuse de me voir aller bien. Elle n'a plus d'eczéma du au stress que je lui infligeais. Mon père me parle plus, il plaisante avec moi, il à l'air soulagé aussi. Je me suis fait des amies à la fac: que de bons moments à rigoler, à faire les boutiques asiatiques, librairies, boutiques gothiques... Tu ne le vois pas maintenant bien sûr, mais quand tu iras mieux, tu ne te demanderas même plus pourquoi tu vis. Tu trouveras ça cool, tu seras contente, tu aimeras ce que tu vois autour de toi. Bon, je vias continuer d'économiser pour ta venue, je te montrerai ce que peut être la vie quand on a une véritable amie et qu'on laisse ses problèmes de côté. Et puis tu te mens quand tu dis que tout est noir: Tu as plein de bons souvenirs. Repasse-les toi en boucle.
Par bluelantern le Mardi 27 octobre 2009 à 10:43
Pense à toutes les personnes qui comptent et ont compté pour toi (comme ton psy). Moi ça me fiat affirmer: ça valit le cop de naître pour rencontrer de si merveilleuses créatures.
Par vivons-cacher le Mercredi 28 octobre 2009 à 17:16
je te comprend tellement marion...
et pour le psychiatre, c'est une bien triste histoire :( ...
 

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