J'ai rêvé que l'on m'avait installée au poste de caissière - pardon, d'hôtesse de caisse - dans un petit supermarché. Je n'y arrivais pas.
Je ne comprenais rien.
Tout était flou, dans ma tête, dans mes membres.
Au final, je me suis enfuie, en insultant tout le monde. Au réveil, je n'ai pu que constater ma petitesse. Mon incapacité à quoi que ce soit de professionnel. J'ai pensé à ma thérapie, à l'inutilité flagrante de cette thérapie hors de prix, j'ai cherché une solution potable et fiable à ce problème, mais à part me retirer du jeu, je ne vois pas.
Je vais continuer de m'enfoncer, à ne pas oser affronter mes peurs idiotes. Je vais m'enfoncer, me reclure de plus en plus, m'isoler petit à petit. Je vois notre nouvel appartement. Je ne suis pas encore installée que j'ai peur d'en sortir. Rien que me balader dans mon petit village natal est une épreuve, pour les trois touristes que je croise. Il va se lasser. Me dire de faire des efforts. Je vais me planter. Me planter avec panache. Cela soutiendra mes convictions que je suis une incapable, une nulle, et je ne ferai plus rien.
Ou si. Je trouverai le moyen de mettre un terme à tout ça. Je n'ai jamais été aussi près du barrage, ou presque. Il est là, il m'attend.
Sans moi, il aurait une vie bien plus belle, n'empêche, quand on y pense. Il se trouverait une fille plus sencée, moins compliquée. Sociable. Surtout. Il ne se ruinerait pas en thérapies inutiles. Ne me confierait pas craindre à chacun de ses retours une vue effroyable de mon corps exsangue dans la salle de bain. Il aurait moins d'inquiétudes.
Jeudi, je le dirai à la psy. Puisqu'il faut être honnête. Je n'y crois plus.
J'échangerai bien ce... truc, contre ma vieille dépression, c'était plus supportable. Je n'avais qu'à me laisser porter de TS en TS, comme un cagette de fruits pourris. Je n'avais plus rien à perdre.
Je n'y crois plus.