Gamine

La vie est une chose trop importante pour la confier à des adultes

Dimanche 27 septembre 2009 à 17:16

Ils sont repartis vers dix heures et demi, ce matin.http://th08.deviantart.net/fs23/300W/i/2009/254/7/7/Follow_the_Yellow______by_photofrk77.jpg
Mon père, mon oncle, mon frère. 
Je ne cache pas avoir voulu me glisser dans le coffre de leur voiture.

***

Vendredi, je me sentais triste. Nostalgique à l'avance de savoir qu'ils devraient repartir.
Me laisser "seule".
      "Seule..."
              "Seule..."

J'aurais préféré attendre encore une semaine.
Ou deux.
Ou trois.
Attendre, avoir un but, y penser, imaginer.

Je ne sais plus vers quelle heure ils sont arrivés. Seize heures trente, me semble -t- il. Afin d'être plus efficace que leur GPS, je suis sortie sur le petit balcon, mon portable à la main. Observant l'horizon. L'horizon de béton.

Lorsqu'enfin ils se garèrent, j'ai dévalé les escaliers, un peu comme Sam lorsqu'il entend des gens à l'extérieur réciter sa plaque d'immatriculation.
Papa m'a sauté dans les bras. Je me sentais... gênée, je ne sais pas. Les câlins.... je n'ai pas le mode d'emploi. Petit frère, dans son blouson officiel de la tournée de Mylène Farmer, et tonton, souriant.
Ils ont visité notre studio, qu'ils ont apprécié, rencontré Nebel, qui était loin d'être contre ces caresses supplémentaires.
Ce soir-là, nous sommes allés mangé dans la friterie d'un des amis de Sam. Ils ne sont pas parvenus à terminer leur assiette. Etrangement, j'ai commandé un "panini savoyard", moi, ce soir-là.

Rémi (petit frère) rêvait d'aller à Bergues, où ils ont tourné ce film inutile, là, avec Dany Boom, et au passage, je ne supporte Dany Boom, tout du moins, s'il était muait, ça passerait mieux.
Nous avons fait deux heures de route pour exaucer son voeux. Surexcitée d'être avec ma famille, je sautais dans tous les sens, pour de vrai. Une gamine de douze ans avait alors plus de maturité que moi. J'ai fais quelques films, où je joue la journaliste, où je harcèle "Monsieur Rémi". Quand j'aurai le moral, j'en ferai peut-être un montage.
Puis, histoire de, nous sommes allés voir la mer du Nord.

Petit passage au Quesnoy, dans les ramparts. 
Je continue de gambader, poser des questions.

Puis repas chez les parents de Sam.
Tous appréhendent sauf moi. Je savais que cela arriverait, et me suis toujours dis "bah s'ils s'entendent tant mieux, et s'ils ne s'entendent pas, tant pis".
Après la visite du propriétaire, avec poules, canards et chevaux, nous avons grignoté. Visiblement, ils s'entendent bien. Tout du moins, ils ont passé la soirée à parler de leurs régions, leurs différences, leurs particularités. La Savoie, le Nord, le Nord, la Savoie. Mon choix est fait. Tout comme mon frère, j'ai ce qu'il appelle " le mal du plat".
Vivement que je retrouve mes sommets enneigés, mes falaises et mes forêts de connifères... y'a trop d'oxygène ici. D'ailleurs, même si ça coûte cher, j'ai décidé d'aller à l'aiguille du midi avant de mourir, voire mieux, l'été prochain, avec Sam. N'ayant pas l'alpinisme dans le sang ( ça ne doit pas être génétique ), je vais devoir payer... en comptant Sam... 160 euros pour prendre le téléphérique. (la boite à touristes obèses qui savent pas skier et escalader, j'ai honte). Ma mère y est allée, oui, mais en grimpant. Mon père aussi. Ils m'ont parlé du manque d'oxygène là-haut. Et je veux connaître ça. Papa disait qu'avec ses amis, ils faisaient la course dans les escaliers qui montent au restaurant (avec vue sur les grands sommets), en se disant le dernier arrivé paye. Sauf qu'ils n'arrivaient pas à courir et se fatiguaient très vite. Je veux connaître ça. Si, si, qu'importe la stupidité de ma démarche. Histoire d'imaginer les sherpas qui grimpent l'Everest tous les ans pour en faire une via ferrata pour touristes...
Bref.

Au cours du repas, je commence à me sentir mal. Sam et moi sortons fumer une première cigarette, trois quarts d'heure plus tard, je la traîne presque dehors d'un regard. J'attrape une cigarette, l'allume dans le noir et fonds en larmes.

" Je ne veux pas qu'ils partent... enfin, tu sais, à chaque fois que je les vois, je me dis, c'est... c'est peut-être la dernière fois. On ne sait pas ce que la vie nous révèle. J'ai passé des années à refuser de les voir, quelle conne j'étais. Aujourd'hui, ils me manquent tant... "

Le mégot est par terre depuis un quart d'heure que les larmes refusent de cesser de couler.
Je demande à Sam d'appeler mon père.

Nous parlons, ses paroles sèchent mes larmes.

***

Du fait des 8 heures du route, ils sont partis tôt.
J'ai souris.
Un peu pour de faux.

Depuis, je n'ai rien fait. Je me suis endormie devant l'un des Destination Finale que j'avais, de toute façon, déjà vu une dizaine de fois. J'ai osé avaler des gâteaux "prince", parce que je sais pas, fallait que je comble... un vide ?
Oui.

Lisa m'a enfin appelée.
Elle replonge dans l'anorexie, elle ne risque pas de quitter l'hôpital.



Quand j'ai raccroché, j'ai pensé jeter les gâteaux dans la poubelle et oublier, moi aussi, de manger.
Comme avant.
Mais ça serait stupide.



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