Journée "sans".Nulle inspiration, nulle envie, je erre et tourne en rond comme un lionceau blanc en cage.
Et puis, c'est une période " au dessin difficile ". Soit je dessine beaucoup, et suis à peu près satisfaite de mes travaux, soit, comme ces derniers temps, j'amasse les papiers déchirés dans la poubelle en pleurant les arbres morts pour finir de la sorte.
La poubelle déborde de papier canson déchiré, quel gâchis. L'aquarelle refuse de m'écouter et coule du mauvais côté. Le crayon désobéit, refuse de suivre les ordres de mon cerveau. Rien ne va. Frustration et insatisfaction sont les maîtres mots. Puissance dix.
Pour combler le temps, le vide, l'absence, je relis d'anciens blogs. Les miens, avec amertume. Mais surtout celui que nous avions créé avec Ludivine et Daphné, "Blanche et Neige". Je me replonge dans le passé, et plus je lis, plus elles me manquent. Je sais qu'elle n'en ont pas envie, et n'ont pas le temps, mais j'aurais aimé que nous refassions un blog aujourd'hui, sans les démons d'autrefois, pour nous donner de nos nouvelles et sourire ensemble. Peut-être un jour.... mais j'en doute.
Mes amies me manquent.
J'aimerais revoir Ludivine, faire des photos dans les montagnes avec elle, lui donner mon unique robe gothic-lolita que je ne mets pas. Câliner les animaux, faire d'abominables photos à la beauté saisissante, lui faire découvrir ma région natale, et aller la voir, découvrir son monde et sa féerie.
Daphné.... quand nous reverrons-nous ? La distance me donne envie de vomir. J'ai rêvé de toi. Je te protégeais. Tu me manques. Nos bêtises me manquent. Ton sourire n'est qu'un souvenir.
La semaine prochaine - je crois - je vais voir Lisa à Annecy. J'espère que nous nous amuserons bien.
Edith, je n'ai plus de nouvelles de toi. Je t'en prie, rassure-moi, dis moi un petit quelque chose de rien du tout.... la frimousse de petite fille me manque, elle aussi.
En avril, je vois Flora, mon amie de toujours qui fait ses études en Espagne. Nous avons prévu une énorme fête pour nos 25 ans. Une fête costumée, chez moi, où la place manquera tant il y a d'invités - que j'apprécie -. J'aimerais voir Flora plus souvent également, l'Espagne, ce n'est pas la porte à côté. Nos fou-rires de l'internat me manquent. Nos bêtises d'adolescentes me font sourire. Je regrette quelque peu cette période d'insouciance, où les rêves ne sont pas encore brisés, et où le seul but est d'avoir son baccalauréat.
Ludi, tu me dis de parler de choses positives, c'est le moment, j'ai des souvenirs plein la tête.
L'internat, c'était fantastique. (au début). Une chambre avec mes deux principales amies, et deux autres dont la connaissance me faisait du bien. Moi qui était seule dans une classe où je ne connaissais personne, j'aimais la dernière sonnerie, lorsque je rejoignais Flora, et Typhanie pour aller faire nos dissertations dans notre petite chambre verte et bleue, au dessus des salles de cours. Nous sortions souvent en douce, en escaladant la barrière, et nous nous baladions le soir tombé. Jusque près de la cité médiévale, un peu plus haut qu' Albertville. Jusqu'au jour où nous sommes tombées dans la conseillère principale d'éducation au beau milieu de la rue... J'aimais ces sorties. Et nos braquages de la cantine, le soir, après le repas. Sortir de l'internat, doucement, atteindre la cantine, et ramener à manger pour toute notre chambre. Sans parler de la fois où nous avons fait entrer une petite télé dans notre chambre. Nous n'avons vu que la moitié de Dirty Dancing, une pionne nous a ensuite confisqué l'objet en nous envoyant dans le bureau de la CPE. L'hiver, malgré les interdictions, nous installions un petit sapin de Noël et nous faisions des cadeaux que nous laissions sous le sapin pour nous donner encore plus envie de les ouvrir. Il y avait les mercredi après-midi où nous sortions nous ballade jusqu'à cette "maison hantée", où nous retrouvions "Chaussette", un petit chat errant.
Et puis je suis partie. Car mes amies faisaient leur crise d'adolescence : alcool, cigarette.... en ce temps là, je ne supportais ni l'un, ni l'autre. Et puis, je me devais de ramener ces amies saoules dans la chambre, mentir pour elles. J'ai préféré partir, et rentrer chaque soir chez moi en auto-stop. Une autre vie. Moins festive. Plus familiale. Et tendue. Une période où je me suis écroulée, dans tous les sens du terme.
***
Seulement quatorze heures. Comment abréger cette journée mal commencée ?
A midi, je suis restée tétanisée dans la cuisine. Je me suis découpée une tranche de rôti, que je n'ai pas mangé, finalement. J'ai observé les conserves de légumes, dégoûtée. Ouvert le frigo, incapable d'y saisir un aliment. Alors je me suis faite un chocolat chaud allégé en guise de déjeuner : ce qui est liquide passe mieux.
Depuis, je tourne et tourne à la recherche d'une activité.
J'aimerais réviser mon anglais ( que nous apprenons encore dans la formation ), mais j'ai tellement peur que la banque me refuse le prêt, mardi, que je n'ose pas. Réviser serait alors me faire une fausse émotion. J'attends de savoir pour me plonger dans mes vieux livres. La peur au ventre.
Une chanson tourne en boucle depuis l'ordinateur. Sans me lasser.
Celle-ci : www.youtube.com/watch
J'abandonne.
Je vais regarder quelques épisodes de Dr House, ou de Pretty Little Liars.
Je crois.
Oh, et puis, pendant que j'y suis :
1) Me forcer à sortir dans la rue, même sans but précis, juste marcher parmi les autres
2) Envisager chercher un travail dans les mois à venir
3) Affronter plutôt que fuir
4) Ne plus avoir honte pour un rien
5) M'affirmer, m'entraîner
6) Appeler mes amis pour se voir, même si j'ai peur
7) Répondre au téléphone quand il sonne, surtout si je ne connais pas l'interlocuteur
8) Ne pas me chercher d'excuses pour éviter
9) Faire ressurgir la confiance en moi
10) Bien participer à ma thérapie
