Gamine

La vie est une chose trop importante pour la confier à des adultes

Vendredi 20 novembre 2009 à 11:47

***

Les nouvelles s'impriment doucement, malgré la cartouche d'encre noire dont il ne reste que quelques malheureuses gouttes.
Juste espérer, tu sais.
S'imaginer que cela se peut.
Se dire que l'on a peut-être une maigre petite chance.
Sinon, à quoi bon l'envoyer, tu me diras.
Sans espoir, on ne glisse pas son recueil dans la fente d'une boite jaune.


***









et le fruit de mes entrailles :



Jeudi 19 novembre 2009 à 8:25

Bande son : Paradis Inanimé, Mylène Farmer

http://th02.deviantart.net/fs50/300W/f/2009/321/a/4/Tendresse_by_LeSuicideDeLaMouche.jpg
Je crois que mon médecin traitant a décidé de me shooter, en attendant que je ne vois enfin une psy.
Non, je ne crois pas, j'en suis sûre.
La dose maximale autorisée de mon antidépresseur est de 20 mg. J'en suis à 30 mg. Peut-être est-ce donc normal que je me sente tel un fantôme, certes dans la réalité mais n'arrivant pas à s'y aggriper. Je me dématérialise. Et la fatigue est épuisante. Les journées se mélangent, même si c'est moi qui les mélange, j'oublie, j'invente, je crois.

Alors, en douce, je commence à baisser, pour reprendre la dose autorisée, 20 mg.

Mes cours attendent.
J'ai pris mon courage à deux mains et appelé l'école. Visiblement, y'aurait un problème avec la poste : ils venaient de recevoir deux tonnes de devoirs. Je suis probablement parmi eux. Appel vendredi prévu pour vérifier.

A part ça, rien, vu que je erre sans me poser, et peine à quoi que ce soit.

Hâte d'aller en Savoie, de revoir tout le petit monde de mon adolescence.
Ma famille, quelques amies.
J'espère presque que l'on fera une grosse fête comme cet été, et qu'au final, la seule qui se retrouvera totalement bourrée, contrairement à notre période de l'internat, ce sera moi. Oui, sorte de vengeance. Chaque soir elles buvaient, il fallait les ramener en douce, mentir, leur inventer des excuses. Maintenant je me saoule et je rigole sans savoir pourquoi. Même si, lorsque je suis saoule, parait que je n'arrête pas de leur répéter de ne "jamais commencer à vomir, ça vous pourri la vie".

La bouteille me transforme donc en distributeur de conseils avisés.
C'est mieux qu'un streap-ease...

Samedi 14 novembre 2009 à 2:33

[...]http://gamine.cowblog.fr/images/cap141.jpg

Je ne pense pas être faite pour la vie en couple.

[...]

Ce soir, nous avons regardé le deuxième volet cinématographique sur Jacques Mesrine. J'ai beau savoir qu'il a tué nombre de gens, avoir vu des reportages, analyses... j'ai tendance à rester maquée par certaines phrases du film, qui doit être un minimum réaliste pour oser décrire la vie d'un homme décédé. Dire qu'il ne veut pas d'une vie dominée par les Lois. Qu'il n'a pas envie de se demander, en passant devant une vitrine, combien d'années de travail il lui faudrait pour s'offrir quelque chose à l'intérieur. Dire qu'il ne veut pas que sa vie doit dominée par son réveil du matin. Préférer voler les voleurs. "Détruire le système". Donc oui, on peut dire que je dois avoir une gros problème, je suis cinglée. Même si à mes yeux, ce n'est pas si... grave que ça. Et comme lorsqu'à chaque fois qu'un sujet m'obsède, je vais - quand j'aurai un peu d'argent - investir dans quelques livres sur le sujet.

[...]

Il ronfle.

Et moi, je suis idiote, incapable de m'affirmer, gonflée de doutes.
Alors je me suis relevée pour venir écrire. (et attendre qu'il dorme pour fumer)

Il se plaint depuis pas mal de temps. Enfin, non, il se plaint pas, mais pas besoin d'un long discours pour comprendre ses sous-entendus qui, bien que n'étant que " des taquineries", finissent par lourdement me peser. 

Je n'ai jamais aimé faire l'amour.
Jamais.
J'ai toujours menti.
Simulé.
Il pense que notre relation est sincère. Il exige la sincérité.
Mais sur ça, j'ai menti.
Non, je n'aime pas.

J'aimerais vivre sans sexe.
Une relation entre l'amour et l'amitié.
Un amour dont on ne romprait jamais l'hymen, ou une amitié d'une tendresse prononcée.
Juste des câlins, de la gentillesse. Rien de malsain, rien qui me donne la gerbe. Les hommes sont tous comme le con qui a raconté je ne sais quoi aux flics pour se défendre, flics qui ne me croyaient pas de toute façon. " Vous avez ouvert la porte, vous êtes coupable ". Oui, mais si le con ne m'avait pas apprivoisée avant, j'aurais peut-être pas ouvert. Et le deuxième, dans le souterrain, pile en sortant de la clinique. Des bêtes...

Et merde.

Le sexe me laisse de marbre. Me rend sale. Me dégoûte.
Avant, c'était un moyen de me faire du mal, quand je couchais avec n'importe qui en me foutant bien des maladies que j'aurais pu attraper. Limite si ça ne faisait pas un point de plus de me détruire, de me dire que, peut-être, celui-ci, ou celui-là, avait le sida. Au moins, je serais condamnée à mourir, j'osais me dire.

Mais bon.

J'ai toujours beaucoup pensé à la prostitution, aussi.
Gagner beaucoup d'argent au noir en continuant de me faire du mal.
Jusqu'à ce que l'on me tabasse.
Ou qu'un mac me repère.
La bêtise, ça ne se soigne pas.
En tout cas, pas pour moi.

[...]

Il s'était lavé ce soir, parfumé, rasé... il a tenté de me motiver, mais comme d'habitude, je me terre en boule. Je mets ça sur le compte de mes médicaments. De la fatigue. Du repas que je ne digère pas. Tout est bon pour trouver une excuse.

Il a boudé gentiment. Mais avec des sous-entendus verbaux qui, certes, sont des taquineries, mais qui finissent par peser lourd. Alors j'ai persisté dans l'imbécilité. Car l'imbécilité me coule dans les veines. Je savais qu'il réessayerai. J'ai joué l'étoile de mer motivée, mais qui attendait que ça finisse pour -enfin- avoir la paix.
Maintenant, il dort. Il ronfle. Je m'en veux, je lui en veut, j'en veux à la Terre entière. Pas envie de dormir et de me réveiller dans de monde de fous, pas envie de ne pas dormir pour rester dans ce monde de fous. Pas d'échappatoire au reste, aux angoisses, à l'impression qu'il n'existe rien qui en vaille la peine.

[...]

A part ça, mes journées sont toujours les mêmes.
Hier soir, la boulangerie du coin a brûlé.
Pompiers, samu, police. J'étais derrière la fenêtre, comme un enfant au cirque.

[...]

Il me parle de PACS en ce moment.
Mais m'engager me fait peur.
Car je ne suis pas faite pour la vie de couple. Je pense.
La routine devient trop lourde.
Je manque d'oxygène.
De surprises.
De nouveauté.

Toujours les mêmes paroles, les mêmes gestes.
La même roue qui me lasse. En laquelle je ne veux plus courir. Les barreaux se ressemblent tous.

Je me force la journée à m'activer.
Pour ne pas penser, je crois.
Me forcer me donne l'impression de... je ne sais pas. 
Si je m'écoutais, je resterais allongée, j'attendrais la fin.
Mais déjà tenté, et ça ne sert à rien.
Pas envie de mourir, juste d'arrêter de vivre, de sombrer dans le coma. 
C'est un peu paradoxal tout ça, mais je ne sais comment l'expliquer.

J'attends que ça change.
Si je ne me force pas à sortir, j'aurai toujours peur des gens.
Si je ne me force pas pour mes cours, je ne deviendrai jamais un robot sous-payé.
Si je ne me force pas, je continuerai de me rouler dans la même boue.

[...]

Il faut que je relise mes nouvelles.
Que je les corrige.
Que je les imprime.
Que je les fasse relier.
Que les envoie.

En attendant qu'on me dise "non, ça n'est pas vendable, vous n'êtes pas connue, vous n'êtes qu'une insignifiante petite chose,  participez à Secret Story et, alors, nous aurons un intérêt à vous laisser votre chance", j'aurais un espoir auquel m'accrocher.
Pourquoi ce besoin de devenir " quelqu'un " ?
De laisser ma trace, absolument ?

[...]

Demain, il ne travaille pas.
On ira sûrement faire des courses, il vient de recevoir son salaire, et le chèque de mes parents est parti dans les frais du loyer.
Le soir, il y a une messe pour " Sainte Cécile", et pour son parrain, mort il y a un an.
Je n'ai jamais compris pourquoi on se remuait ainsi le couteau dans la plaie en "fêtant" les morts de nos proches. J'ai oublié les dates des miens. J'oublie le jour, j'oublie. J'essaie.

Je n'irai pas.
Envie de voir personne.
Impossible de rentrer dans une église.
Plus envie de faire ce dont je n'ai la moindre envie, plus envie de me plier aux désirs d'autrui.

[...]

Vais aller dormir.

[...]

Dans un mois je serai en Savoie.
Dans deux mois, je serai revenue ici.
Dans trois mois, j'espère que je me serai faite fauchée par une voiture.
Surtout que dans quatre mois, j'aurai 24 ans.



Jeudi 12 novembre 2009 à 0:15

Je suis relativement satisfaite de ma journée.http://gamine.cowblog.fr/images/ggt.jpg

" Même si... "

Epuisée, encore, mais je suis parvenue à m'occuper, à oublier la monotonie. Il m'a bien fallu faire une sieste durant l'après-midi, car je ne tenais plus debout. J'ai eu du mal à émerger lorsque le réveil que j'avais programmé a sonné. Je suis restée une heure affalée sur le canapé, dans le brouillard. Et puis je me suis levée afin de reprendre mes montages photographiques.

Ce soir, ça n'allait pourtant plus.
Comme ça, comme si une vilaine fée était venue me frapper avec sa baguette.

Elle m'a craché de l'encre noire.
Quand j'ai ouvert les yeux, il n'y avait plus de couleurs.
Juste de l'ombre. De l'obscurité. Des poils ébènes d'une créature délétère.

Et c'est passé, encore.

Dans la rue, des pompiers, des gendarmes, le samu, la grande échelle. J'ai osé penser : enfin, du divertissement dans ma vie ! Mais je n'ai rien vu. J'irai voir demain.

Et pourtant, tristesse ce soir.
C'est tout.
Peur de dormir.
Vu que je sais pas dans quel état je me relèverai demain.

Et côté montage photo, je ne m'améliore pas, ça m'énerve. Mais ça apprend la patience quand on a un PC qui râme.

http://gamine.cowblog.fr/images/siv.jpg
http://gamine.cowblog.fr/images/fy.jpg
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http://gamine.cowblog.fr/images/huuuy.jpg
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http://gamine.cowblog.fr/images/jghgh.jpg
 
Mais bon, c'est l'intention qui compte, dit-on. Cependant, si quiconque passant par là peut m'aider à m'améliorer vis à vis de ces quelques extraits "créatifs", je suis toute ouïe.


 

Mercredi 11 novembre 2009 à 1:37

Dormir, ou pas ?http://th00.deviantart.net/fs31/300W/f/2008/196/b/1/___hometown____by_Artmguy.jpg
La fatigue nous le dira.



Edith m'envoie des SMS.
Les somnifères ne font pas effet.

"Tout le monde m'oublie, ici."
"Plus personne ne m'écrit, tout le monde va m'oublier ".


Je tente de la rassurer.
Même si je peine à être crédible.
Je tapote des impersonnels "garde espoir", " courage", "tous les tunnels ont une sortie", alors que je n'y crois pas moi-même. 
Ce qui est particulièrement ridicule. Et idiot.

J'espère... comment dire...
Elle allait si mal, depuis des mois. Ne quittant plus son lit, comme dans l'attente que tout s'arrête... alors je l'ai un peu... poussée. Poussée à trouver un endroit où se reposer. Quelque part, je ne suis pas seule responsable. Ce sont les médecins qui l'ont aidée à entrer dans un hôpital. J'espère juste que... que cette hospitalisation sera différente des miennes. Dans le sens où elle en sortira différente. Mais différente dans son sens le plus scintillant.

Je lui ai envoyé une petite carte postale avant-hier.
Une pour Daphné, aussi.
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J'ai peur de... de, sens m'en rendre compte, retomber dans l'absence.
Je tente d'écrire, d'appeler, d'être là pour tout le monde, mais cela me fait tourner la tête. Parfois, je me demande si toutes ces lettres, ces attentions ne sont pas un moyen de dire " ne m'abandonne pas" plutôt que " je pense à toi". Et en cela, j'ai honte. 


Tellement honte.







Ludivine, je m'excuse.
Je ne suis pas... perceptible. Palpable ? Pas assez.
Je te lis, sans savoir quoi dire en fait. Tu me manques. Tu es comme une étoile
filante, on a à peine le temps de t'apercevoir que tu es déjà loin, vêtue comme les princesses des contes que je m'imagine. Je ne me sens pas à la hauteur d'être ton amie. Je fixe en silence tes écrits, en visualisant ton sourire. Tes commentaires me font toujours mal sur le coup, mais me font réagir. Ange-gardien dans une autre vie ? Pense à toi. Sois égoïste, surtout. Ce que les psychiatres ont tenté de m'apprendre.


Julie, je te lis, même si je ne commente pas toujours.
Et sache que je m'inquiète.
Tu connais les trois lettres du problème...
J'aimerais te rencontrer un jour. Nous n'habitons pas si loin...


Daphné, je lui écris quand je le peux, quand elle me répond. Mais je la sens s'éloigner, plus amie des calories qu'elle n'ingère pas. Plus de réponse de sa part depuis quelques temps. J'envoie des messages, des bouteilles à la mer. 
Après, tout dépend des marées.

Je m'assois sur les rochers, et je regarde la couleur des vagues. Triste. En osant penser qu'elle a dû trouver de nouvelles amies là-bas, qui la comprennent mieux, et n'habitent pas si loin.




Rachel, petite chanteuse aux mots noirs de sens, glisse entre mes doigts. Nous ne connaissons pas depuis longtemps.
Une r
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Je l'ai connue au tout début de son anorexie. Aujourd'hui, elle est méconnaissable.


Parfois, elle m'envoie une de ses chansons. Je l'écoute chanter sa douleur, au piano, à défaut de ne l'entendre me parler.

Rachel glisse entre mes doigts, je ne parviens à l'attraper, la regarder dans les yeux, lui demander ce qui se passe. Elle a installé un mot de passe à son blog : le seul moyen que j'avais d'avoir de ses nouvelles. Je ne sais pas. Alors je m'immobilise.
En attendant ?







Lisa. Lisa est indéfinissable. Trop inquiète pour moi, trop... trop... comment dire ? 
M'appeler vingt fois par jour ne s
http://gamine.cowblog.fr/images/IMG6104.jpgert à rien. 
Je n'ose lui dire de cesser de s'inquiéter de la sorte, mais Lisa est tel un psychanalyste avec des antennes : elle lit à travers les mensonges, voire les vides.
N'ayant répondu à aucun de ses appels ni message aujourd'hui, demain je lui dirai que tout va bien.

Lisa ne sait pas où elle en est, ce qu'elle veut faire. Une année à errer de petits boulots en petits boulots dans un premier temps. Elle passe le permis, évolue parmi deux chats, un furet, des parents
adorables qui m'ont toujours acceuillie comme une reine.
Lisa a des hallucinations auditives et visuelles. Aujourd'hui, force de doses de cheval, elle parvient à réaliser que tout cela n'existe pas. Je me souviens d'un hiver à Lyon. Où elle me disait qu'une entité démoniaque la suivait, où que l'on aille. Lui disait de se faire du mal. Puis de me faire du mal. Ordres après lesquels Lisa a refusé de me revoir de peur d'obéir à la voix de cette entité dont elle ne distinguait que le regard.
Dernièrement, alors qu'elle était venue lorsque nous emménagions à Maubeuge, elle me parlait de ses hallucinations visuelles. Je n'ai pas pu fermé l'oeil de la nuit. Tout en me demandant comment on pouvait bien survivre avec de telles horreurs autour de soi.

Je sais que si, un jour, Lisa décide de mourir, elle y parviendra. A chaque fois, elle a été sauvée de justesse. Et puis, il faut dire qu'elle y met les moyens. Alors je profite de chaque moment avec elle, comme persuadée qu'un jour, elle me laissera toute seule.



Alexandra. Nous nous voyons peu, il est vrai. Une fois par an, deux maximum. Auparavant, nous nous voyons tous les jours, puisque nous étions voisines à la clinique. http://photos-e.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-snc1/hs166.snc1/6208_1178476376121_1054476611_30557531_968793_n.jpg

Elle va mieux. Mentalement. Son corps ne suit plus. L'anorexie lui a laissé des séquels indélébiles. Même si aujourd'hui, Alex mange très bien, son corps refuse de prendre le moindre gramme. Lorsque je l'ai vue, cet été, elle a fait une grosse chute de tension après avoir avalé des gâteaux au chocolat en dessert de notre copieux repas. " C'est normal " m'a -t-elle dit doucement, les yeux brillants.

Je me souviens de l'époque où elle ne savait plus.
Où elle voulait savoir.
Qui étaient ses vrais parents.
Toute seule, elle a fait nombre de démarches, est partie en Roumanie, pour retrouver un passé qu'elle n'avait pas connu. Depuis, elle va mieux. Elle a deux familles, qu'elle aime tout autant.

Après de longues études de lettres, elle fait une préparation en pharmacie. Elle a enfin son petit coin : une maison. Un lieu où se poser, comme elle le chuchote en souriant, loin de l'agitation des vas et viens de cliniques en cliniques.




Sophie. Sophie fut mon amie du lycée. Instinctivement, je me suis assise à côté d'elle dès le premier cours, elle, si rassurante, habillée BCBG, lunettes sur le nez, sans maquillage, cheveux noués, petite trousse et cahier. L'apparence de l'étudiante parfaite qu'elle était par ailleurs. Loin des délinquants visuels que je distinguais partout autour de moi. Elle m'a, à ses dépends, tenue sur la route ces trois années durant.

Sophie a très bien réussi ses études. Jamais je ne pu avoir une meilleure note qu'elle au lycée, et dieu sait que j'ai essayé.

Elle a désormais un travail. Est recommandée par ses anciens employeurs. Tout lui réussi, pour l'instant. Mais derrière, elle se sent terriblement seule. Il est rare qu'elle m'écrive réellement ce qu'elle ressent, mais lorsqu'elle le fait, je ne peux que constater qu'il manque quelque chose. Elle refuse de quitter ses 17 mètres carrés en cité étudiante. Des doutes couvrent ses e-mails. Elle s'exprime toujours très bien, trop même. Sérieuse jusqu'au bout des ongles. Trop, selon certains. Et il est vrai que ce cocon semble l'avoir emprisonnée.

Nous ne parlions jamais réellement : nous restions ensemble. Nous apprécions nos silences. Une relation étrange à vrai dire.

Elle apprécie les musées, l'histoire, l'architecture. La peinture, mais loin de tout ce qui peut être contemporain. Les mangas également. Des séries télé qu'elle regarde en boucle quand la solitude est trop forte. Dr Who, par exemple. Life, aussi. Tout livre l'intéresse, elle dévore. Dernièrement, elle a décidé de devenir bilingue, et dévore nombre d'ouvrages en anglais, alors qu'elle a fait allemand en première langue et détestait la langue parlée un peu partout dans le monde.
Originale en son genre, seule, sérieuse.
Elle évolue. Comme elle peut.

Et puis, il y a mes deux compagnes du collège, dont ma première amie, Flora.

Flora

Flora, c'est un petit antidépresseur en jupe qui déglutie autant de conneries involontaires qu'elle cligne des yeux. Une innocence que nul ne peut lui voler. Une part d'enfance que j'aime plus que tout au monde voir faire s'éclater les rires.

Je l'ai connue en 6ème. Je me souviens avoir pleuré tout le long du premier cours. Elle était également seule, à l'autre bout de la classe. 

Le collège se situait dans mon village, et regroupait les élèves des villages des environs. Ses trois copines d'école primaire étaient dans une autre classe. Elle a failli en changer d'ailleurs, de classe. Et dans ce cas-là, nous ne serions pas ce que nous sommes aujourd'hui.
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A l'époque, Flora était très sérieuse, cheveux noirs, un peu ronde, garçon manqué, rigolote. Aujourd'hui, elle vit en Espagne, à Madrid, a une coiffure sophistiquée, une ligne de rêve dans des vêtements de la dernière mode, et qui plus est, est restée aussi rieuse qu'au temps de notre rencontre.
Je ne me souviens plus de notre approche mutuelle. Probable que nos deux solitudes se sont rencontrées.

Et sincèrement, je me demande comment j'aurais tenu durant ces années de scolarité sans elle.

Tout au long du collège, Flora avait de très bonnes notes. De mon côté, j'avais plutôt tendance à regarder par la fenêtre.
Nous allions souvent acheter des bonbons, explorer des coins perdus, faire les folles. Bien qu'habitant à dix minutes du collège, je décidais de devenir demi-pensionnaire pour rester avec elle plus de temps encore. Ne pas en perdre une goutte. Des crises surgissaient parfois en plein cours, me sortant de ma tristesse. Personne ne pouvait nous empêcher de rire sans raison.

Ce fut semblable pour le lycée : si je suis allée en internat, ce n'était pas seulement pour fuir les relations familiales, c'était pour rester avec elle.
Rien ne changeait. Batailles d'eau à la salle de bain, sorties clandestines, crises de rire en pleine nuit, tags sur les murs, vols dans les magasins à deux... certes, la journée, je n'étais pas dans sa classe à cause de mon option arts platique, mais le soir, je la retrouvais enfin.

Je me souviens d'une fois. Régulièrement, on nous faisait des alertes au feu en pleine nuit, ce qui était gênant pour les filles : sortir en nuisette devant les mâles de l'internat, dans la cour, en plein hiver, c'est guère attrayant. Mais des sources circulaient. Je savais qu'une alerte aurait lieu. Mais je n'ai rien dis. Ainsi me suis-je couchée habillée. Lorsque l'alerte résonna, tôt dans la soirée heureusement, nous sortîmes sans faire de bruit. Flora avait le walkman enfoncé dans les oreilles, d'une sérénité intense. Et parce que j'étais déjà sadique, je l'ai prévenue au moment où la pionne, hors d'elle, venait nous hurler de sortir. Mais Flora s'est vengée, c'était aussi ça, le but. *sourire*

Il y avait aussi des paris stupides. Nous mélangions la totalité des aliments de la cantine, le soir, dans le plat principal. Dessert, entrée, tout était mélangé, et c'était à celle qui avalerait le tout. Nos camarades de chambre nous regardaient comme des folles, et elles avaient raison. Boire l'eau que j'avais utilisée pour rincer mes pinceaux était aussi un de nos jeux débiles. Voire mieux : marier deux de nos peluches, avec demoiselles d'honneur et musique. Un grand moment. Lors de l'élection des délégués du dortoir, il y en avait toujours deux pour rire comme des gamines lors de la délibération, lors que l'on lisait à haute voix ce que nous avions griffonné sur nos papiers. Il n'était donc pas difficile de localiser les désintéressées. Après les cours, nous dévalisions la cantine. Voire la nuit. De par nos forces de femelles, nous avions défoncé la porte de l'internat afin de nous coucher si les cours finissaient plus tôt. Après le dîner, nous allions souvent discuter avec l'infirmière. Nous l'avons revue cet été. Elle nous a reconnues immédiatement. Pour seul signe du temps, de nouvelles rides sur son visage.

Souvent, nous escaladions les grilles pour nous promener dans les rues. Jusqu'au jour où nous sommes tombées sur la conseillère principale d'éducation en plein milieu de la ville...

Et puis, Flora a été influencée, elle s'est mise à fumer, boire... je ne la reconnaissais plus. Dans un premier temps, je la ramenais à l'internat, je couvrais son absence... mais j'ai fini par quitter mon dortoir. Elle m'en a voulu. " De l'abandonner ".

Nous ne nous sommes pas parlées pendant une petite année. Jusqu'à ce qu'elle m'écrive, à la clinique.
Depuis, l'amitié est aussi forte qu'avant.

Flora reste la plus enthousiaste, souriante, débordante d'énergie de mes anges.
Toujours prête à inventer quelque chose pour remonter le moral, avec ses petites mains, et son sourire. Elle semble résister à toute épreuve.

Elle enseigne le français en Espagne, en continuant ses cours pour devenir enseignante.
Son seul regret ? Sa vie sentimentale.

Dernièrement, elle m'a confié quel était mon "cadeau d'anniversaire en retard" : un billet pour Madrid. Nous n'avons plus qu'à trouver la date. Et dieu sait qu'en échange, quand j'aurai enfin une vie stable, je nous offrirai un petit voyage avec plein de rebondissements.

Dès que nous nous retrouvons, la folie revient. Et mes larmes, aussi, lorsqu'elle s'en retourne en Espagne. J'ai hâte de la serrer dans mes bras cet hiver.

Typhanie.

Typhanie fut aussi une grande amie du collège.
Mon alliée pour la cause des loups, un animal que nous vénérons autant l'une que l'autre.
Aujourd'hui, nous sommes revenues très timides lorsque nous nous retrouvons face à face.

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J'essaie de faire renaître notre amitié, car je l'apprécie beaucoup. Sage, sérieuse, sauvage. Je la surnomme "la louve des montagnes". Car très indépendante. Difficile d'avoir de ses nouvelles, elle garde précieusement son jardin secret.
Elle travaille désormais dans le tourisme, attend la neige comme le Messie pour chausser son surf et dévaler les pentes enneigées.
"Je ne quitterai jamais la Savoie " répète -t-elle.

J'espère parvenir à l'attraper cet hiver.


******

Tant de personnes qui me manquent cruellement.
A qui je pense tout le temps.
Et qui, j'espère, ne m'oublieront pas du fait que j'habite si loin.


*******

Noël approche.

Je tente vainement de préparer des cadeaux.
Ce qui me prend un temps fou, d'ailleurs.

Ma famille d'abord.

Maman : deux chemises (elle déteste les cadeaux). Je ne sais pas si c'est la bonne taille, mais elle est tellement maigre, maman, que ça ne pourra que lui aller. Et puis, elle ne s'est jamais aimée. Pas étonnant qu'elle fut anorexique. J'ai déjà tenté de l'emmener dans des magasins avec moi lorsque je suis en Savoie, mais elle rétorque que rien ne lui va, et qu'elle se trouve laide de toute façon.
Je voudrais qu'elle s'apprécie un peu plus... comme je le lui disais cet été, qui peut se vanter d'avoir une telle forme physique à son âge ? Elle gravit les montagnes été comme hiver, aucune de lui résiste lorsqu'elle a ses crampons et le piolet dans la main. 

Maman, je m'en veux de lui avoir fait tant de mal.
J'ai été une vraie peste.
Mes propres maux l'ont rongée.

Je me souviens d'un jour où elle s'est écroulée en larmes, elle qui restait habituellement droite et fière. " Tu es mon sang, ma chair, et te voir te détruire ainsi... je t'aime, Marion, que tu le crois ou non, tu es ma fille... "
Je veux me rattraper.
Depuis une petite année, je fais beaucoup d'efforts pour éviter que tout ne redevienne comme avant.
Cet été, je la sentais mal.
Lui ai écris une lettre.
Sa réponse : " quand tu seras heureuse, je le serai ".

Je l'appelle régulièrement. Elle me manque. J'aimerais tant la serrer dans mes bras, mais je n'ose pas. Nous n'avons jamais été très câlines. Elle me manque. Je ne veux pas qu'elle ... parte avec cette peine dans le coeur.

Papa : Papa non plus ne veut pas de cadeaux. Mais il aura quand même un carnet " pour mon papa ", avec qui sait, un dessin, si j'y arrive. Papa qui a toujours cru en moi. Vaillant. Amoureux de ses montagnes. Papa qui ne veut pas partir à la retraite. Papa qui me manque aussi beaucoup trop.

Petit Frère, Rémi :  Du Mickael Jackson sur une ardoise avec un faux) autographe et un socle, puisque l'un de ses artistes fêtiches est mort. Un petit frère avec qui je ne parlais plus, et à qui j'ai également fait trop de mal. Aujourd'hui, nous partageons beaucoup de temps ensemble. Je veux qu'il soit heureux. Maintenant.
Il bosse dans la restauration. 
Ca semble lui plaire.
Mais je m'inquiète pour sa vie sociale.

Sam : Sam, c'est simple et compliqué.
Collectionneur d'armes, j'espère qu'il aimera les deux petites hâches sur un socle en forme d'écusson que j'ai dénichées rien que pour lui. J'ai également fabriqué un coussin avec nos initiales entrelacées. Mais cela ne me semble pas assez vis à vis de tout ce qu'il m'apporte.


Ensuite : Flora et Typhanie, ce sera un cadeau fait maison, un carnet avec des photos modifiées : elles seront à la fois princesses et vampires. Cela débute sur leur photo dans le journal, un enlèvement. Je les rejoins dans " le monde de l'arc-en-ciel" avant que cet univers de les charme au point d'en faire de vilaines démones. Mais les montages en ce moment, ça me grimpe au cerveau, et je ne suis jamais, jamais, jamais satisfaite.

Alexandra aura un nouveau protégé. Un Winnie en peluche. Elle vit avec un petit groupe de peluches toutes baptisées et qui dorment avec elle à tour de rôle. A qui elle a confié nombre de secrets depuis longtemps. Et elle adore Winnie.

Ma tante, il faut que je trouve ou fasse quelque chose. Elle a été très présente à une période où la communication avec ma mère était inexistante. Nous nous écrivons de manière épistolaire depuis quelques semaines, un coup de gueule aux mails je dirais.

Mes grands-mères, un dessin, une peinture : à commencer

Pour l'instant, c'est tout, je sèche.
Je suis ruinée financièrement.
Mais si je pouvais trouver des bricoles jolies et peu chères...

On verra.
Je veux que personne n'oublie ce Noël là.
Que personne ne m'oublie non plus, en fait.
 

VIDEOS LIEES A L'ARTICLE :

Flora, l'innocente :



Miss Lumière Divine et Nebel :



Une chanson de Rachel :



Daphné


 

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