Gamine

La vie est une chose trop importante pour la confier à des adultes

Lundi 19 octobre 2009 à 21:41

Je ne sais guère qui me fatigue le plus. http://th08.deviantart.net/fs50/300W/f/2009/288/2/2/Secret_Place_by_Sugarock99.jpg
Les autres.
Ou moi.


J'ai passé le restant de ma journée à... à faire quoi au juste ? 
Bonne question..
.
Une fois rentrée de chez Monsieur le Médecin, j'ai passé l'aspirateur, tenté de nettoyer la douche avec le nouveau-super-produit-anti-calaire, mais ça n'a guère été fort efficace. J'ai tout essayé, en commençant par le vinaigre blanc chaud. Puis, victime de la gravité, je me suis écroulée sur le canapé.
Je crois qu'après avoir tenté de me reposer sous trois couvertures, à côté du radiateur, je suis retournée me coucher dans le lit. Où j'ai plongé dans un sommeil diurne d'une heure et demie.

Angoisse au réveil.
J'attrape des noix de Macadamia et grignote comme un écureuil. Je retourne le paquet, et découvre avec effroi que j'ai oublié beaucoup de choses essentielles. Cent grammes de noix de Macadamia = 700 calories. Mais comment quelque chose peut-être aussi calorique ? 
Pire que le nutella...

Je me souviens de la veille. On regardait des photos, avec Sam. J'en avais retrouvées des vieilles. 
Sur l'une, en une micro-seconde, je me suis dis que je donnerais tout pour retrouver "ce corps". La micro-seconde d'après, Sam a prit la parole.

"Mais qu'est-ce que t'étais maigre à cette époque... t'es bien mieux aujourd'hui".

Je n'ai entendu que la première partie de la phrase. Freud a inventé l'inconscient, qu'il en discute avec le mien.

Cette photo me hante depuis hier. Je l'ai effacée, ainsi que tout le dossier. Puis je suis allée dans la corbeille, et j'ai définitivement viré ce fantasme malsain.

Tout ça pour dire que j'ai amèrement regrétté mes noix de Macadamia. Quitte à vomir, autant se faire plaisir, ai-je osé penser. Alors j'ai volé deux pains au chocolat de la boite industrielle de Sam, deux glaces Magnum, des céréales (aux noix). J'ai vomi, me suis gargarisé avec du coca light, me suis mouchée, ai fait de la salle de bain une chambre à gaz à coups de déodorant, et puis allée face à mes cours.

Législation des animaux domestiques.
Oui, c'est de mon niveau. J'ai même passé le bac pour rien, car pour cette formation, pas besoin du bac. Pas besoin même d'être allé au lycée. J'étais mieux aux Beaux-Arts, à perdre mon restant de dignité, à crever les yeux de ceux qui venaient de me crever les miens, inspirant un peu de poudre blanche de temps en temps parce que " au point où j'en suis ". Non mais merde quoi. Tout le monde autour de moi va à la fac ou dans de grandes écoles. Et y restent ! Je suis partie d'en haut et boum, je suis tombée d'étages en étages, comme Amélie. Sauf que Rien du Tout, ça ne me suffit pas. Merde, et bref quoi.

Merde.

Je n'ai rien révisé.
Je suis sortie.

Entrée dans la librairie : 13H45.
Sortie : 03H00
Je ne sais pas trop ce que j'y ai fait.
Regardé, regardé, dévoré des yeux.

Une fois rentrée, je crois avoir osé ravaler des magnums, des pains au chocolat, des céréales, et d'autres trucs inutiles en nos pays suralimentés.
J'ai osé re-vomir.
Et bla,et bla, et bla.

Couchée. Dormir. J'y arrive pas. Pas envie. Sérieux j'y arrive pas. J'ai pas envie. A quoi ça sert ? Putain. Chiotte. Merde. Chier. Ennui. Pas envie. Peux pas. Oublier. Xanax. Manger. Pas. Vomir. Je suis conne. J'veux pas. Marre. Réviser pour rien. Société pourrie. Consommation. Production. Inégalités. Crotte. Lassitude. Inutilité. C'est quoi l'avenir ? Y'a rien à dire....

***

Sam regarde la télévision.
Moi je déblatère.

Il regarde un film sur les tornades.
Ca m'intéressait pas.

Je ne cesse de lui parler comme à un chien, ce soir.
Lui faire des reproches, fuser pour un rien. M'énerver. Avoir envie de le gifler, de sauter du deuxième étage.
Je ne sais pas.
Je me fatigue.

Je suis une "étudiante" au foyer, et je m'en plains.
Je n'irai pas jusqu'à dire que dans nos pays dits développés, nous ne pouvons que nous plaindre car nous avons trop de choses, ou parce que l'on veut toujours tout, tout de suite.
Un peu comme Antigone, mais pour de mauvaises raisons.
Et puis merde.

Demain... pfffiou. Que la terre cesse de tourner, tiens.

L'autre jour, j'étais affalée devant un zapping tv.
Y'avait des images d'une émission de Delarue. (j'savais même pas qu'il vivait encore lui).
Une femme expliquait qu'elle avait été heureuse d'apprendre qu'elle avait un cancer.

"J'espérais que c'état grave. Pour une fois qu'il m'arrivait quelque chose qui me sortait enfin de ce terrible quotidien..."

J'ai eu honte que de penser : "je la comprends..."



* The End *

PS : je n'assume pas, mais je l'écris, histoire que ça sorte
PPS : "ça" = tout

Lundi 19 octobre 2009 à 9:05

 
Affaire réglée, presque classée.

 
http://th02.deviantart.net/fs50/300W/f/2009/287/1/a/1afd0df5fcb28ef000ca57fd6b006a51.jpg
Il y avait beaucoup de monde, ce matin, chez le médecin.
J'ai émergé du somme il avant même mon réveil, vers six heures trente. Trois personnes attendaient déjà, cautérisées par la chaleur polaire extérieure.

Oui, il est pratique d'habiter face au cabinet de son médecin...
 
A la vitesse d'un paresseux, et du fait du froid ambiant, j'ai eu quelque peine à m'habiller. Oubliant la température polaire, j'enfilais un sous-pull, un pull, un jean, et cette si jolie veste que Sam m'a offerte.
Longue, noire, gothique, avec une sorte de corset au dos, cintrée puis évasée... noire. Et qui, outre d'être une oeuvre d'art, tient chaud. Fait non négligeable.

Je suis arrivée devant le cabinet. Cinq personnes devant moi. Cela devrait aller, j'ai mon premier tome de True Blood dans mon sac... dix minutes passent avant que monsieur le médecin n'arrive, nous ouvre sa salle d'attente dôtée des plus précieux objets : des radiateurs. J'ouvre mon livre, détendue, heureuse de l'être, quand soudain, une alarme se déclenche à côté de moi. Un mioche vient d'allumer une de ces petites consoles de jeu modernes, volume à fond. Je tente de me concentrer sur les lignes, mais c'est peine perdue. Un homme, en face de moi, pose sa main sur sa tête, visiblement, nous vivons le même cauchemar. Il n'est jamais venu à l'idée de la génitrice de demander à son garnement de couper le son de sa console. Et après on s'étonne de la délinquance adolescente, vu l'éducation des mioches...

Je n'avais pas si peur que ça.
Je visualisais, ou tentais de visualiser, les personnes avant moi.
Histoire que personne ne me double, que je ne mette en retard personne.
J'ai changé  de place dans la salle d'attente, aussi. La première fois, une dame âgée est arrivée, je lui ai laissé ma place, mais il en restait une au fond, alors je suis allée m'y assoir. Mais du fond, je ne voyais rien, car d'autres personnes attendaient également dans le sas d'entrée, dont l'homme à la veste bleue qui passait avant moi. J'ai finalement récupéré une place plus proche de l'entrée afin d'analyser les faits et gestes de tous.

Vint mon tour.
Mon médecin est d'une gentillesse, d'une humanité telle qu'il risque remplacer mon ex-psy, dans le sens, j'ai laissé un piller à Lyon pour en retrouver un dans le Nord.
Renouvellement de l'ordonnance, d'abord.
Il me pose une multitudes de questions.

"Ca va, ou ça va ne va pas. Enfin, ce sont des périodes. Quand ça va, je m'agite, je fais nombre de choses en même temps, pleine de projets, n'arrivant plus à dormir, et quand ça ne va pas, je suis incapable de sortir de mon lit et j'imagine comment en finir. L'entre-deux me manque."


Il continue ses questions tout en prenant ma tension.
Il suspecte un trouble bipolaire, et me demande où en est le centre médico-psychologique.

J'explique que je les ai rappelés y'a une semaine, qu'ils m'ont certifié m'envoyer bientôt un rendez-vous, mais que j'attends toujours.

Puis il analyse mon piercing.
Dix jours d'antibiotiques plus une pommade et tout sera revenu dans l'ordre.

" Revenez me voir dans dix jours. Pas seulement pour l'infection. Si le centre médico-psychologique ne vous a pas rappelée d'ici-là, je vais m'en occuper et vous aurez un rendez-vous".

J'ai envie de me jeter sur lui, le prendre dans mes bras, le remercier d'exister.

Etant donné que je ne suis pas venue uniquement pour l'ordonnance, je ne suis plus en ALD, et sors mes vingt-deux euros. Il sourit. 
" Pas la peine "

Je m'en vais pimpante après lui avoir souhaité bon courage.
Je sais qu'il sera là si un jour je déraille.

Juste en face de la fenêtre de la cuisine.
 

Jeudi 15 octobre 2009 à 1:21

- Je ne peux pas aller dormir -


http://imgcash6.imageshack.us/Himg43/scaled.php?server=43&filename=princessw.jpg&xsize=640&ysize=480
Non pas que je ne le veuille pas, mais depuis quelques jours... heu, une semaine ? Deux ? 
Deux, oui. Soyons honnêtes.
Depuis deux semaines, je fais n'importe quoi.
N'importe quoi étant la seule expression que j'aie trouvée pour définir mon comportement.

Prenons l'exemple d'aujourd'hui.
Je me suis couchée vers une heure trente du matin, car comme ce soir, j'ai peur de que sera demain.

J'ai tenté de faire en sorte que la journée soit belle. lorsque, vers neuf heures trente, j'ai osé émergé Après avoir fait la vaisselle,  essuyé cette vaisselle, rangé cette vaisselle, passé l'aspirateur, au centimètre près, puis la serpillère à la façon de cendrillon, rangé ce qui ne l'était pas, je suis sortie m'acheter deux bouteilles de coca light. 


Oui, j'ai repris. C'est mal, je vais finir ma vie avec un dentier, ou, selon les finances, sans rien, et je serai destinée à avaler de la compote jusqu'à la fin de mes jours.
Je n'arrive pas à prendre la menace des dentistes au sérieux. Un peu comme les accidents de la route, le commun de la population finit réellement par croire que " ça n'arrive qu'aux autres ". 
Avoir des conséquences de mes troubles alimentaires, je pensais que c'était destiné aux autres.
La dite logique du " y'en avait tant qui étaient tellement plus atteintes que moi". 
Aujourd'hui, je me dis qu'elles sont peut-être mortes, et que je devrais m'estimer satisfaite de n'avoir pour seul séquel des dents abîmées prêtes à me glisser sur la langue.


En rentrant, j'ai appelé le centre médico-psyhologique après une demie-heure à tourner en rond, à tenter d'imaginer la conversation afin de ne pas être prise au dépourvu. Je vais bientôt recevoir mon rendez-vous. Bientôt. J'attendrai. Je n'ai que ça à faire.

Mais ça n'allait pas.
Depuis deux semaines, ça ne va pas.
Je me force comme je peux, parfois ce n'est pas suffisant, comme hier, ou avant-hier, où j'ai passé la journée couchée sur le canapé déplié, à tenter de me provoquer un coma psychique.

Y'a aussi eu le déshonneur de mes bonnes résolutions, je ne sais plus quand. Hier, je crois. Je ne sais plus pourquoi je pleurais, pourquoi j'ai lacéré mon bras. Pourquoi j'ai racheté un cutter, aussi. Autant donner une allumette à un pyromane.
Je sais juste que je m'en suis voulue, que je m'en veux encore, que Sam n'a rien vu, et ne verra rien.

...........  Bref  ............

Je ne sais pas pourquoi je suis allée me remplir un verre de Baileys, vers treize heures. Avec des glaçons. J'imaginais le reste de la journée accompagnée de mon envie de disparaître, m'endormir, cette impression que je ne serais jamais à la hauteur de quoi que ce soit, pourrie par des peurs sans fondement virevoltant autour de ma tête. Il y avait bien mes fiches, étalées sur la table basse, n'attendant que mon attention. Sauf que je me sentais la plus minable d'entre toutes. Trop minable pour devenir vendeuse. Trop minable pour quoi que ce soit. Minable.

MIN-ABLE

Une fois le verre terminé, je m'en suis resservi un.
Et un autre.
Trois verres, parce que la bouteille n'avait plus de réserves.
Comme pour ne pas me faire engueuler, un peu comme ces chiens qui ingèrent leurs excréments dans la maison pour éviter de se faire disputer, -ça porte un nom mais j'ai oublié - j'ai remis la bouteille vide au frigo. 

Comme toujours, au début, je me suis sentie d'une euphorie telle que j'ai attrapé mes fiches, tenté de réviser, imaginé quelle vendeuse je serai dans un avenir proche : parfaite et irréprochable. Lorsque l'on entame quelque chose, il faut s'y consacrer corps et âme, atteindre le haut de l'échelle, intégrer le moindre mot du savoir. Tout du moins, dans ma petite tête, c'est ainsi : tout doit être... parfait ?

Même saoule, je me décourageais. J'ai lâché mes fiches pour refaire le ménage, en me cognant un peu partout.

J'ai toujours été le bordélisme incarné. Aujourd'hui, je ne supporte plus la moindre tâche, le moindre livre dépassant de l'étagère, la moindre imperfection. Toute ma famille est étonnée de ce brusque changement de comportement, comme le dit si bien ma tante : " s'il y a bien quelque chose en quoi je ne croyais plus, c'était en ta capacité de ranger ".
En ce moment, le ménage est ma seule réelle activité. Il faut que tout soit propre et décent. Plus l'eau est noire, mieux je me sens, cela veut dire que j'ai vaincu la crasse. Cependant, cela devient un peu obsessionnel. Lorsque Sam prend son petit déjeuner devant l'ordi, que je me réveille et découvre une armée de miettes sur le bureau, je pique une crise. Lorsqu'il oublie de faire tremper un plat qui sera difficile à nettoyer, j'explose. Lorsque je retrouve des chaussettes sales un peu partout, je menace de les jeter par la fenêtre. Comme si toutes ces heures destinées à faire briller notre environnement ne servaient à rien ! 


............. Bref ...........
 

J'ai dû arrêter de frotter parce que ma tête me tournait.http://imgcash2.imageshack.us/Himg203/scaled.php?server=203&filename=galencantada071g.jpg&xsize=640&ysize=480
Je me suis assise. Ai fermé les yeux. Mais tout continuait de tourner. J'ai d'ailleurs retrouvé deux vidéos sur l'un de mes disques durs externes, où, saoule, je déblatère des conneries.

Pour contrer l'alcool, j'ai rapidement fait cuire quelques boulettes aux épinards. Que j'ai avalées à moitié couchée, comme si mon corps était devenu aussi lourd que celui d'un cachalot.

Mon estomac s'est retourné, j'ai vomi jusqu'à la bile, l'alcool me sortant par les trous de nez.

Quelle conne, me répétais-je, à moitié éteinte sur les toilettes, à vomir ce poison que je croyais amical et désireux de m'aider à oublier. Oublier à peu près tout de ce monde.
Il m'a fallu une bonne demi-heure pour tout nettoyer, épuisée. Je suis retournée me couchée, mais le plafond continuait de tourner. L'envie de retourner chercher la bouteille vide au frigo et me la fracasser sur la tête m'a effleuré l'esprit, afin que je ne recommence plus.

Au final, persuadée que j'allais encore vomir, vomir quoi je ne sais mais vomir cela me semblait certain, je me suis endormie. Deux heures et trente minutes plus tard, la sonnerie de mon portable me sortit de mon sommeil sans cauchemars. C'est Sam.

" J'ai fini ".

Et merde. Je me lève, sautille, ça va mieux.
Même si, au fond, l'alcool n'a pas noyé le problème.

Sam propre que nous allions à la friterie d'un de ses amis, j'accepte.
Et là, je fais l'erreur que jamais je n'aurais dû faire.
J'accepte de conduire.

Non, je n'ai pas eu d'accident, mais je regrette, j'aurais dû refuser, voire avouer à Sam que deux heures plus tôt, je vomissais mes tripes des suites d'avoir trop bu.
Sam m'a félicitée, sauf pour la façon dont je me suis garée, étant donné que je faisais un peu asymétrique sur le parking.
J'ai avalé mon panini en pensant que demain, tout irait mieux.

**** Avance rapide, lecture ****

Tout ça pour ne rien dire, en fait.
Hier, ou avant hier, crises de boulimie.
Hier, attaque physique envers moi-même.
Aujourd'hui, tentative de me noyer dans l'alcool et prise de risque inacceptable.
Y'a aussi les journées allongée à attendre.
Je ne sais pas.

Je ne saurais pas distinguer ce qui ne va pas bien, depuis ces deux semaines. Hormis le ménage, tout m'épuise. Incompétente, inutile, stupide, idiote, incapable, minable, voilà en gros le répertoire qui faisande mon cerveau.

J'ai quand même un projet.
Histoire de me prouver, ou prouver à mes proches, que je me sens de plus en plus désolée de l'argent que je leur coûte.
Je vais écrire et illustrer un livre pour enfants.
Tout du moins, quand ça ira mieux.
Qui ne tente rien n'a rien.

Si seulement notre espèce comprenait que les papiers officiels - ou diplômes - ne font pas tout.
Et puis, j'aime les situations ou je n'ai rien à perdre.









 
 



Mardi 13 octobre 2009 à 11:50

Retour à la normale.http://th06.deviantart.net/fs50/300W/f/2009/257/8/4/s_xx_19_by_scarabuss.jpg
La tornade des disputes s'en est allée vers d'autres couples.

Guère de choses à écrire.

N'ayant pas encore reçu mes cours, je profite.
Tout du moins.... je ne sai
s pas.

Du fait de la reprise des somnifères avant de dormir, je me réveille vers neuf heures et demi chaque matin. Puis je fais le ménage. Et, enfin, m'allonge sur le canapé, je ferme les yeux, sans musique, sans télé allumée. J'entends les voitures, dehors, les klaxons, les gens qui parlent ou crient.
Rien de rien, je n'ai envie de rien.

Dessiner ? Réviser ? Faire la cuisine ? Me faire un brushing ? Non, pas le courage.
Lire ? Un autre jour.
Sortir ? Pour aller où.

Je suis bien dans ce cercueil, emmurée.
Et puis, ça me manquait de ne plus me plaindre délibérément. 

Jeudi 8 octobre 2009 à 23:43

J'en sais rien.http://th05.deviantart.net/fs51/300W/i/2009/277/b/1/My_Mind_by_emats.jpg
Peut-être qu'il n'y a rien à chercher, rien à comprendre.


Pas envie de dormir.
Même si j'ai avalé deux somnifères.
Pas envie que le soleil se lève, et pourtant il faudra bien.


Que serait la meilleure solution ?
Aller voir le médecin dès l'aube ?
Lui dire que j'ai longuement réfléchi, toute la nuit, que c'était soit ça, soit attacher la ceinture toute prête à la porte ?
Oui, non.
Si je le lui dis, ça va encore se terminer par les trois lettres : H.D.T
Suivi du " Mademoiselle, désormais c'est moi qui décide, vous n'avez plus le choix", alors que je tenterai de regagner une liberté perdue.
Plutôt crever.
Même si la dernière fois, force de subtiles mensonges, je suis parvenue à sortir de l'hôpital de façon légale après avoir voulu me jeter d'une tour, après que cette dame médecin que l'on m'avait envoyée voir l'apprenne et m'annonce d'un calme retentissant que c'était clair, net et précis : hospitalisation à la demande d'un tiers.
Plutôt crever, encore.

Je m'amuse à me regarder vivre, jouer la comédie sous des tonnes de maquillage et des costumes à paillettes. Je danse, je souris comme Pierrot le Clown, et lorsque le rideau tombe... que le public s'en va...

*****

Je me suis forcée à finir mon devoir sur la communication et les comportements du chien, hier. Avec pour unique argument : tes parents se saignent pour te payer des études à 23 ans, alors tu assures. Va falloir arrêter de tout rater.
En même temps, je recevais le devoir sur l'éthologie des nouveaux animaux de compagnie. Un vingt sur vingt dôté de jolies annotations. Après quoi je suis tombée sur un album de dessins d'une "connaissance" qui était dans ma classe lorsque j'étais en Manaa. Je crevais de jalousie que de la voir dessiner du matin au soir. Je sais, j'ai hurlé haut et fort que je ne supportais plus la concurrence, la mise à mort de toute création, mais bon, souvent je me demande si, sans cette peur des autres, et donc l'abandon de mon BTS, sans cette peur... est-ce qu'aurais quand même réussi ?

Qu'importe. (pardon Seigneur Inexistant, je pèche et je mens)

Ce matin, j'ai posté mon devoir.
Puis, parce que de la vie bordélique je suis passée à la vie maniaque, j'ai fait le ménage. Mais ça n'allait jamais. Il aurait fallu déplacer les meubles. Il aurait fallu que je gratte encore plus. Tous les matins j'ai le bras droit ankylosé.

Je ne sais pas pourquoi je dis ça, en fait.

Quand j'ai terminé " mes devoirs " au sens large, à comprendre l'entretien de la maison, mes responsabilités scolaires, j'estime pouvoir me concentrer sur mon malaise. Alors je me couche. Ou je jeûne. Ou je vomi. Généralement, je me couche sans rien avaler ou après avoir vomi quelques boulettes aux épinards ou un morceau de fromage. Etant donné que l'on a rien d'intéressant à manger et à vomir, à comprendre des chips, des glaces, je sais pas, un truc un temps soit peu mangeable...

Et même.
Avec Sam, ça ne va plus.
Je sais qu'il travaille dur, mais ce n'est pas une raison pour que je fasse tout dans l'appartement, que je supporte son caractère "de fin de journée". Je sais, je suis égoïste. Ou idéaliste. Ou naïve, plutôt. Voire inapte à supporter un autre être humain sur son territoire.

Et même.
J'en sais rien.
Ses parents sont venus dîner l'autre soir. Je les ai finalement laissés seuls, qu'ils continuent de parler "chasse," pour aller regarder l'horizon... ou plutôt, le mur du bâtiment de la Poste. J'aurais habité au quizième étage, je crois que j'aurais sauté. Ca m'aurait divertie au moins quelques secondes. (CF " le roi sans divertissement", de Jean Giono, qui prouve.... chut... n'empêche, quand j'ai étudié ce bouquin pour le bac, j'ai pensé que j'avais des liens génétiques avec ce personnage imaginaire)

Bref.
Lisa pense que tout est dû à la solitude.
Le "retour" des troubles alimentaires, ce vide que je tente de combler par tous les moyens : la bouffe, le ménage, les études...
Je hausse les épaules au téléphone, mais elle le sait.
Alors je change de sujet.
J'imagine être avec elle.
J'imagine revoir mes amies plus de deux fois par an.
J'imagine une bonne engueulade avec ma famille, qui me donnerait l'impression d'exister.

En début d'après midi, après avoir résisté à la tentation d'écraser une clope sur mon bras, ou ma jambe, n'importe où, je suis sortie retirer vingt euros. Vingt euros que je n'ai jamais gagné mais que mes parents me donnent, en compensation de quoi d'ailleurs ? Ils devraient me couper les vivres, que je sache ce qu'est vraiment la souffrance.

Cinq euros pour un paquet de clopes.
Enfin, quatre euros quatre-vingt, parce que je prends les moins chères, du moment que y'a un filtre et de la nicotine...
Puis je suis entrée dans une friperie, au cours d'une promenade sans but aucun.
Quinze euros les cinq articles de marque, en bon état, pas usés.
Un peu comme une princesse comblerait sa solitude en dansant dans son château vide, j'ai dansé autour des rayons, testé les tissus sur ce corps qui me suit partout, donné mes deux billets et suis rentrée, le coeur un peu plus lourd.

J'ai pensé à Sam.
Alors, ni une ni deux, j'ai tristement préparé un cake au chocolat et de la pâte à crêpes.
Il est rentré, nous avons mangé devant les informations, puis il a voulu faire les crêpes.
Mais il n'y arrivait pas.
Comme d'habitude, il s'est énervé, et c'était de ma faute.
J'en ai eu marre de m'en prendre plein la gueule - comme d'habitude mais il ne s'en rend pas compte - alors je suis sortie.
J'ai fait un petit tour dans l'obscurité.
Y'avait pas de canal pour y sauter.
Pas de cinglé pour m'assassiner.
Rien, rien de rien.

Il s'est endormi devant la télé.
Je l'ai réveillé pour qu'il se couche.
Moi je n'ai pas envie.
Plus envie.
Je ne sais pas de quoi j'ai envie.
Si, je sais.
Je ne dormirai que si je trouve une bonne raison de me lever demain matin.

A part la bouteille de Baileys dans le frigo, où la possibilité d'acheter un nouveau cutter selon mon degré d'immaturité, voire ma ceinture prête à l'emploi, je ne vois pas.
Il n'empêche, si un jour je me tue, ça sera par la façon que je m'étais toujours refusée : la pendaison.
Je fais parti des lâches : je veux mourir sans souffrir.
A 18 ans, je m'étais inscrite sur le site Suisse "Dignitas", qui permet l'euthanasie. (les suisses sont censés, eux, pas comme les français attachés à une morale préhistorique) Ils ne m'ont jamais répondu, probable qu'ils aient cru à une mauvaise blague. Et puis, dépression, ça fait nettement moins sérieux que cancer, ou tumeur. C'est bizarre que les gens se suicident quand même, et, surtout, à cause d'une dépression. M'enfin bon... *ironie*

Bref.
La pendaison, c'était la dernière de toutes les possibilités que j'avais imaginées.
Plutôt me noyer, être étouffée, me trancher les veines et le bras, tout mais pas la pendaison.
Je pensais cela.
Jusqu'à il y a quelques semaines.
J'analysais mon bras.
Lisa s'était taillé les veines au creux du bras, à l'embranchement. Elle en avait coupé une, je ne peux pas me vanter d'un tel exploit. J'ai regardé, mais je pensais, ça serait con que je me rate, que je coupe un tendon, que je devienne paralysée. Ca serait con, un peu comme sauter du deuxième étage.
Lisa a aussi essayé de se trancher la carotide.
Si Lisa, grande scientifique surdouée n'y est pas arrivée, alors je doute que le hasard joue en ma faveur.
J'ai finalement laissé retomber mon bras.
En cherchant la méthode la plus fiable, quelque soit la douleur.

Vint un mot morbide.
"Pendaison."
Ben oui.
Une fois pendu, tu peux toujours changer d'avis, c'est trop tard.
Comme venant de retrouver espoir, j'ai foncé sur internet en savoir plus.

L'ami Doctissimo m'a donné plusieurs témoignages de " ratés de la corde ".
Visiblement, ça ne fait pas si mal "que ça" (tout est relatif), on fini par perdre conscience, et c'est là que tout se joue.
Les gosses le font bien quand ils jouent, ou jouaient, au jeu du foulard.
Ils serraient jusqu'à "avoir des sensations", voire perdre conscience.
Si des gosses stupides y sont arrivés, alors moi aussi.
Les ratés de la corde de doctissimo ont été sauvés à temps, et par chance, sans séquels : leur cerveau n'a pas trop manqué d'oxygène, donc ils ne sont aucunement des légumes.
Passés les témoignages, j'ai analysé un peu partout.

Généralement, quelqu'un qui se pend perd connaissance dans les 5 premières minutes.
C'est quoi, 5 min de ma vie pour avoir la paix, sérieux ?
C'est rien.
J'ai découvert comment se pendre chez soi, aussi. Je me demandais toujours comment on pouvait bien se pendre sans anneau dans le plafond ou poutre ou arbre. En fait, suffit d'être imaginatif.

J'en sais rien.
Sam ne ronfle pas encore, je ne vais pas pouvoir aller fumer sur le balcon sinon il va me rugir dessus, un peu comme un père avec sa fille. Si on nous observait, on penserait que je suis sa fille, entre les " fais pas ci, fais pas ça", ou " t'appuies pas là dessus" voire "essaie d'être sérieuse.
Une seule pièce à vivre, à deux, ce n'est pas simple.
Cette pièce est reliée à la cuisine qui ne se ferme pas.
Je ne peux jamais être seule.
S'il regarde un film, je ne peux pas m'isoler pour travailler, même depuis les toilettes j'entends le son de la TV.
Là, je m'installerais bien, à finir la bouteille de Baileys en fumant les cigarettes achetées en cachette ce matin.

Je n'ai pas besoin de solitude, j'ai besoin de... mes amies ? 
Les voir, les avoir en face de moi, pas derrière un téléphone ou un mail...
Comme avant.
Ca ne va pas bien, mais avec un peu de chance "ça" va passer.
Sam a jeté mon cutter.
J'ai cherché partout.
Partout, je dis.
Vu que le ménage, c'est également partout.
Et ça me vexe.

Je ne suis pas faite pour la vie en couple.

J'en ai ras le bol des concessions.
De sourire pour de faux.
De mentir pour qu'il ne s'inquiète pas.
De ne pas oser lui dire qu'il abuse quand il me hurle dessus parce qu'il rate la cuisson de ses crêpes ou du poulet ou pour une raison idiote.
De supporter les repas chez tous les membres de sa famille, et pas en même temps.
De dire "oui, j'ai quitté ma région, mes repères, rien que pour toi, et je suis heureuse" alors que c'est faux.
De peser mes mots autant de fois que moi lorsque j'avais le syndrome d'Antigone, à comprendre tout le temps.
De lui laisser choisir comment il veut passer sa soirée sans dire un mot alors que, même si je n'ai pas de salaire, j'ai passé la journée à apprendre les différents types d'apprentissages et de conditionnement selon Darwin après avoir effacé toute trace de saleté, ce qui n'est pas plus amusant que de conduire des malades d'un hosto à un autre... * oui, j'ai honte de mes dires *

C'est officiel, j'en ai ras le bol.
Et qu'est-ce que ça m'a fait du bien de claquer la porte, ce soir.

Je vais aller en fumer une, qu'il se réveille et m'engueule, je m'en fiche.
Et quand j'aurais trouvé une bonne raison de supporter le jour qui se lèvera d'ici quelques heures, alors j'irai me coucher.



<< Page précédente | 56 | 57 | 58 | 59 | 60 | 61 | Page suivante >>

Créer un podcast